Paul Biya, le président du Cameroun demande aux homosexuels de son pays de ne pas désespérer

Confronté à une forte pression internationale, Paul Biya a-t-il décidé de se ranger du côté des homosexuels du Cameroun, pays où les pratiques homosexuelles sont interdites ?

A Paris où il séjourne actuellement dans le cadre d’une « visite de travail », le président camerounais a demandé aux homosexuels, ainsi qu’à leurs défenseurs, qui exigent la dépénalisation des pratiques homosexuelles au Cameroun, de « ne pas désespérer », message d’espérance rapidement nuancé.

« Nous avons appris que des gens détenus pour homosexualité ont été libérés. Donc il y a une évolution des esprits. Il ne faut pas désespérer », a indiqué M. Biya, au terme d’un entretien à l’Elysée avec son homologue français, François Hollande.  » Il y a discussion. Les esprits peuvent évoluer dans un sens ou dans un autre mais actuellement c’est un délit », a souligné M. Biya. En outre, il a affirmé n’avoir pas abordé la question de l’homosexualité avec M. Hollande.

L’homosexualité reste encore très formellement proscrite par le code pénal camerounais. Les camerounais-e-s  qui se pourraient être accusé-e-s de pratiques homosexuelles  encourent une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 5 ans. Un état de choses qui fait du Cameroun à ce jour l’un des pays les plus homophobes au monde.

En janvier, deux jeunes condamnés à 5 ans de prison pour homosexualité ont été acquittés en appel, à la surprise générale. Peu de procédures engagées contre des homosexuels présumés aboutissent à la relaxe, la tendance étant davantage à la condamnation. En 2011, pas moins de 14 condamnations pour homosexualité ont été prononcées au Cameroun.

En décembre, la Cour d’appel du centre à Yaoundé a confirmé la peine de trois ans de prison ferme infligée à un jeune étudiant, Roger Jean-Claude Mbedé. Lors du jugement en appel, le Ministère public avait fait valoir sa gêne face aux manquements du dossier.

Mercredi, M. Mbedé a appelé le président français François Hollande à l’aide afin qu’il intercède auprès du président Biya pour que sa peine soit annulée. « M. Hollande, ici au Cameroun, je suis un considéré comme un délinquant car je suis homo. J’ai besoin de votre aide pour convaincre M. Biya d’annuler ma peine de trois ans de prison », a souhaité M. Mbedé.

L’homosexualité reste encore très formellement proscrite par le code pénal camerounais. Et, ceux des camerounais qui se hasarderaient à se livrer à une telle pratique encourent une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 05 ans. Un état de choses qui fait du Cameroun à ce jour l’un des pays les plus homophobes au monde. Déjà que même au sein de la société, les homosexuels sont très mal perçus. L’homosexualité étant considéré par les camerounais comme une pratique inhumaine et même diabolique.

Dans un rapport publié la semaine dernière,  Amnesty International a dénoncé les persécutions que vivent au quotidien les homosexuels du Cameroun, et a invité les autorités camerounaises à mettre très rapidement sur pied un dispositif judiciaire efficace, pour protéger cette minorité sexuelle. Plusieurs pays et organisations internationales maintiennent depuis quelques années la pression sur le Cameroun pour qu’il décriminalise les pratiques homosexuelles. C’est notamment le cas de la France.

Contrariés par les sorties d’officiels français sur l’interdiction des pratiques homosexuelles dans leur pays, certains Camerounais souhaitent voir, par exemple, la France dépénaliser la polygamie qui y demeure interdite. Pour eux, on ne saurait parler de liberté individuelle lorsqu’il s’agit de l’homosexualité et l’occulter quand on évoque la polygamie.

Source : Cameroon Voice

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