Deux jeunes Camerounais, dont la condamnation à cinq ans de prison ferme en 2011 pour homosexualité avait suscité un vif émoi international, ont été acquittés lundi en appel, a-t-on appris auprès de leur avocate.
Franky et Jonas « ont été déclarés non coupables (d’homosexualité) » lundi par la cour d’appel du Centre à Yaoundé, a affirmé Me Saskia Ditisheim, présidente de l’ONG Avocat sans frontières-Suisse et avocate de ces jeunes Camerounais condamnés en première instance à cinq ans de prison ferme pour homosexualité,  interdite au Cameroun.
« Je n’en reviens pas. Je salue le courage des juges », s’est enthousiasmée Me Ditisheim, alors que les acquittements dans ce genre d’affaire sont très rares au Cameroun. « Ils (Jonas et Franky) ne sont pas encore libres mais ils le seront, le temps de faire quelques formalités administratives », a assuré Me Ditisheim, soulignant que « dès leur libération, ils doivent absolument être mis en sécurité, sinon ils vont être tués ».
« Dès à présent, la communauté internationale doit les aider en leur délivrant des visas pour qu’ils s’installent à l’étranger », a ajouté l’avocate. En effet, depuis quelques semaines, avocats d’homosexuels et homosexuels présumés sont la cible de menaces de morts récurrentes au Cameroun.
En novembre 2011, Jonas et Franky avaient été condamnés à la peine maximale prévue dans le cadre de la répression pénale des pratiques homosexuelles : cinq ans de prison ferme. En outre, ils s’étaient vu infliger une amende de 200 000 FCFA, c’est-à-dire 300 euros, la plus lourde prévue pour l’homosexualité. Une troisième personne avait été condamnée en même temps que Jonas et Franky mais elle n’était pas présente lors du procès en première instance et ne figurait pas dans la procédure en appel.
En 2011, les deux hommes avaient été arrêtés en compagnie d’un troisième homme. D’après la police, ils avaient eu des rapports sexuels à bord d’un véhicule dans le quartier Essos, à Yaoundé, en juillet 2011, et avaient été inculpés de « faits d’homosexualité ». Deux des prévenus avaient été incarcérés, alors que le troisième avait bénéficié d’une mesure de liberté provisoire. L’avocat des trois hommes avait soutenu que l’attitude et les commentaires du juge tout au long des débats avaient laissé transparaître qu’il était « homophobe ».

Source : Le Monde.fr avec AFP