Cameroun : Roger Mbede, symbole de la lutte pour les droits des homosexuels, est décédé

 

 

cameroun - smallLe Camerounais Roger Mbede, qui représentait le symbole de la lutte pour le droit des homosexuels au Cameroun est décédé vendredi soir, vers 19h.

Lire son interview : « Il n’y a toujours pas de place pour les homosexuels au Cameroun »

Roger Mbede n’est mort que depuis quelques heures. Mais déjà, samedi 11 janvier, alors que la nouvelle se répand, l’onde de choc est palpable chez les défenseurs des droits de l’homme, LGBT compris, au Cameroun.

Arrêté le 2 mars 2011 pour un SMS amoureux envoyé à un autre homme, condamné à une peine de trois ans d’emprisonnement, confirmée en appel en mars 2012, Roger Mbede était devenu un symbole pour beaucoup de militants camerounais ou étrangers.

Défendu par Me Alice Nkom et Me Michel Togué, les deux avocats emblématiques de la lutte pour les droits LGBT au Cameroun, il avait été mis en liberté provisoire en juillet 2012. Cependant, il semble ne s’être jamais remis de sa détention, durant laquelle Alice Nkom assure qu’il a été maltraité.

« On voulait le faire sortir d’ici »

« Il était malade depuis qu’il était sorti de prison », explique Maxilienne Ngo Mbe, directrice exécutif du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) au Cameroun. « Il a eu une hernie et nous l’avons fait opérer à Yaoundé », ajoute-t-elle, « puis sa famille l’a récupéré en lui disant ‘on peut te sortir de là [de l’homosexualité, NDLR]' ».

« Selon un témoin, Roger Mbede aurait rejoint son village natal à sa sortie de l’hôpital. Il aurait ensuite été confiné par ses proches dans une chambre et laissé sciemment sans soins car aux yeux de  sa famille il incarnait le diable », déclare pour sa part une des avocates qui avait pris part à sa défense, la Suissesse Me Saskia Ditisheim. « Une plainte pénale sera déposée pour faire la lumière sur les circonstances de son décès », ajoute-t-elle.

« On voulait le faire sortir d’ici », confirme Maximilienne Ngo Mbe, « mais cela a pris trop de temps et nous l’avons un peu perdu de vue, faute de moyens ». « Pour moi, c’était une priorité », confie-t-elle, bouleversée. Il est désormais trop tard. Selon des militants de Yaoundé, le corps devrait être inhumé lundi, sans avoir été autopsié.

Source : Mathieu Olivier, Jeune Afrique, Yaoundé

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