Agression homophobe à Genève !

nathanUne nouvelle agression homophobe a été signalée par Yves-Olivier Magerl, propriétaire du bar le Nathan, sur son profil Facebook. Même si les victimes s’en sortent avec des blessures légères, Dialogai souligne le caractère inacceptable de tels agissements. Nous vous invitons à prendre connaissances des faits reproduits ci-dessous, et nous vous donnons les réflexes et contacts utiles en cas d’agression.

A faire lors d’une agression :

  • Alertez les autres usagers présents et appeler la police (police 117, ambulance 144)
  • Soutenez la victime
  • Conservez des preuves (photos des blessures avant de se laver ou de se soigner, vêtements détériorés…)
  • Faîtes vous soigner et demander un constat médical. Services médicaux d’urgence ouverts 24h/24h à Genève:

                        Hôpital cantonal (HUG): Rue Gabrielle-Perret-Gentil 2, 1205 Genève, 022 372 81 20

                        Hôpital de la Tour à Meyrin: 3 Av. J.D. Maillard, 1217 Meyrin, 022 719 60 00

                        Clinique de Carouge: 1, Av. Cardinal Mermillod, 1227 Carouge, 022 309 46 46

                        Clinique d’Onex: 98, Route de Chancy, 1213 – Onex, 022 709 00 00

 

 

Ne restez pas seul après une agression :

  • Se faire aider, en parler à ses ami-e-s, à sa famille ou à une association comme Dialogai
  • Utiliser les services d’aides aux victimes :

                  Centre LAVI de Genève: 72 Boulevard Saint-Georges, 1205 Genève, 022 320 01 02

                  Unité interdisciplinaire de médecine et de prévention de la violence (HUG) : Boulevard de la Cluse 75, 1205 Genève, 2eme étage, 022 372 96 41

                  Dialogai, 11-13 Rue de la Navigation, 1201 Genève, 022 906 40 40

Enfin, pensez à déposer plainte. C’est une démarche qui peut être difficile après une agression, mais qui est légitime ! Il faut respecter un délai de trois mois après l’agression (dans la plupart des cas). N’hésitez pas à vous faire accompagner d’un ou une ami.e ou d’un membre de Dialogai.

Vous pouvez déposer plainte auprès de :

  • Postes de la police cantonale (en personne)
  • Procureur Général (par courrier uniquement): Route de Chancy, 6B, 1213 Petit-Lancy, 022 327 64 63/64

En cas de difficulté, contactez Dialogai qui en contact avec le policier de l’État-major référent pour les questions d’homophobie.

 

Propos publiés sur Facebook par Yves-Olivier Magerl le 20 avril :

« Superbe soirée samedi, malheureusement ternie par une attaque homophobe devant mon établissement.

 

Dimanche matin, nous attendons le taxi d’un ami. Deux jeunes nous croisent, l’un d’eux nous pose une et unique question : « Vous êtes pédés ?! » Il ne fait déjà plus nuit. La violence homophobe s’exprime au grand jour. S’ensuit une bagarre. Nous nous réfugions dans mon établissement. Nous tentons de bloquer la porte, l’un parvient à s’introduire. Pendant que je cours dans la rue arrêter des voitures pour demander de l’aide, l’ami avec qui je suis se bat à l’intérieur. Les deux jeunes s’enfuient en courant. A part des écorchures aux mains et des douleurs aux épaules et à la tête, nos blessures sont tenaces mais heureusement sans gravité. Mais les pires douleurs ne sont pas physiques.

 

Je m’étonne qu’aujourd’hui les jeunes soient à un tel point confrontés à de telles altercations qu’ils en sont venus à totalement les banaliser. Non, elles ne sont pas normales ! Il faut les dénoncer, publiquement.

 

Certains, issus de pays où l’homophobie est une religion d’Etat et mus par leur haine religieuse, n’acceptent pas notre diversité et tentent de reproduire ici les carcans rigides de leurs sociétés d’un autre âge. Après des décennies de lutte pour l’égalité et notre reconnaissance, nous devons à nouveau nous renier pour éviter tout problème. Toujours moins gays, toujours plus uniformes. Que nous cessions d’exister, que nous nous fondions dans la masse, n’affichions surtout pas nos différences et continuions de raser les murs. Dans les années 80, une revue littéraire homosexuelle s’appelait « Masques ». Comme ils aimeraient que nous ne les ayons jamais quittés. Vivre caché et marcher dans l’ombre. Ils n’y parviendront pas. Jamais je ne l’accepterais et continuerais de vivre, de m’amuser et d’aimer comme je l’entends.

 

Mon établissement est pourtant situé dans une rue fréquentée où le trafic automobile est conséquent et les passants nombreux. Les problèmes dus à l’homophobie ont heureusement été quasi inexistants jusqu’à aujourd’hui, à part quelques injures. Ce qui n’était, et de loin, pas le cas ces dernières années devant mon ancien établissement ouvert jusqu’à mi 2014.

 

Deux à trois week-ends par mois, nous étions confrontés à des injures homophobes, des lancés de verres et de bouteilles, des menaces ou altercations de la part de bandes de jeunes désireux d’en découdre. Jusqu’au jour où une cliente a été attaquée par un jeune homme hurlant : « Sale lesbienne ! », en lui assénant deux coups de couteau.

 

Les tensions étaient telles que l’un de mes collaborateurs venait systématiquement travailler accompagné de son chien ou qu’un autre tenait la porte d’entrée fermée à clé tant qu’une vingtaine de clients n’étaient pas présents. Travailler quotidiennement la peur au ventre après chaque altercation, en attendant anxieux la suivante, devient vite insurmontable. Supprimer tout signe relatif à l’homosexualité, faire profil bas et nous renier nous a la plupart du temps permis d’éviter le pire.

 

Il y a quelques mois, un client à qui je demandais s’il ne rencontrait jamais de problèmes m’expliquait : « J’ai toujours un couteau sur moi. Si quelqu’un m’emmerde, je le sors et ça le calme tout de suite… » Telle doit-être la vie d’un jeune homosexuel de 20 ans aujourd’hui à Genève ?

 

Lorsque nous ne les vivons pas nous-mêmes, ces témoignages me sont transmis par dizaines.

 

L’homophobie qui s’étale sur les réseaux sociaux renforce la haine chez certains. Ils hésitent de moins en moins à passer à l’acte, persuadés de partager une opinion familiale, religieuse ou de société majoritaire. Plus nous reculons, moins nous sommes visibles, plus ces personnes occupent le terrain et se sentent libres de leurs exactions. Les altercations, même violentes, sont si fréquentes que les jeunes homos les ont banalisé, en parlent peu (déposé plainte est presque systématiquement exclu…), les ont assimilé et les vivent comme des situations normales. Ce n’est pas admissible. Il est exclu que je nettoie une fois encore le sang d’un ami sur ma vitrine.

 J’ose espérer que le cas de ce dimanche soit unique, sans suite et sans conséquence et que nous puissions continuer à perpétuer et à développer les valeurs non négociables de notre société largement ouverte à la diversité. »

 

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