Le1f, rappeur gay new-yorkais brise avec éclat les genres du hip-hop

 

heyMacho, misogyne et suintant la testostérone le hip-hop? Pas vraiment.

Outre-Atlantique, principalement issus de la scène new-yorkaise, des rappeurs gay cassent les clichés: Zebra Katz, Cakes da Killa, Mykki Blanco, Le1f…

Ce dernier, Khalif Diouf au civil, d’origine sénégalaise, est né à New York, il y a 25 ans. «J’ai été élevé seul par ma mère, qui m’a toujours soutenu. C’est elle qui m’a inscrit à des cours de danse et de ballet», confie-t-il à 20 Minutes.

C’est en s’installant dans le Connecticut, pour des cours à l’université de Wesleyan, où ont aussi étudié les rockeurs de MGMT ou les rappeurs de Das Racist, qu’il prend conscience qu’il veut faire se percuter les mots. De retour à New York, pendant qu’il enchaîne les DJ sets dans des bars, il travaille sur sa première mixtape, sortie en 2012, Dark York. «Je me suis mis beaucoup de pression, je voulais dire au monde que j’existais. Et donc tout dire, tout ce que j’aimais ou ce qui m’agaçait. J’ai demandé des beats à des proches comme Nguzunguzu. Un jour j’étais au lit avec de la fièvre et j’ai commencé à rapper dessus. C’était un vrai tournant, je me suis rendu compte de mon potentiel de rappeur.»

Aux Etats-Unis, le grand public découvre Le1f pour la première fois à la télévision dans Le late show de David Letterman. Le jeune homme y interprète «Wut», dont le clip exhale une joyeuse subversion, puisqu’il rappe sur les genoux d’un homme torse nu avec un masque de Pikachu! On est loin du champagne à gogo, des filles offertes et des cabriolets. Dans son avant-dernier video clip, celui de «Boom», Le1f détourne les codes visuels du hip-hop, joint au bec dans une grosse bagnole. «How many batty boys can you fit in a jeep?» («Combien de pédés peut-on caser dans une jeep?»), rappe-t-il ironiquement.

Pour autant, il refuse d’être étiqueté dans une catégorie rap gay. «C’est vrai, j’ai pas mal de reconnaissance parce que je suis homo, mais je préfère être considéré comme un musicien à part entière. Lisez le portrait du New York Times qui m’a été consacré, ça fait plaisir, mais on ne sait pas à quoi ressemble ma musique! C’est un peu frustrant», soupire-t-il. Avec Hey, son flow accrocheur, ses punchlines qui font mouche et ses rythmes emballants, Le1f montre que son univers ne réflétait pas une seule facette, mais plutôt les fragments lumineux d’un kaléidoscope.

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