Discours de Flore Blancpain pour TransParents à la Cérémonie à la mémoire de Bartholomé Tecia

Flore Blancpain pour TransParents

Chères autorités de la Ville et du Canton de Genève,
Chères associations LGBTIQ+,
Chères personnes amies, concernées et alliées présentes ce matin,

C’est avec beaucoup d’émotion que nous prenons aujourd’hui la parole, sur ce lieu à la mémoire de Bartholomé Tecia et de toutes les victimes de violences et persécutions contre les personnes LGBTIQ+.

Bartholomé, permettez-moi de l’appeler par son prénom, avait 15 ans au moment de son exécution. 15 ans… un jeune homme avec la vie devant lui. Un jeune homme, un étudiant. A peine un an plus jeune que mon propre fils aujourd’hui. En tant que mère, en tant que parents, nous ne pouvons que frissonner d’épouvante à l’idée de ce que Bartholomé a subi.

Nous ne sommes plus au 16ème siècle et la peine de mort n’existe plus à Genève. Mais les harcèlements et l’acharnement de certains contre nos jeunes, contre leur identité de genre, la surmédiatisation dont ils font l’objet, sonnent parfois pour eux, pour elles, pour eux, comme une condamnation de leur personne et peuvent les pousser à une réelle et grave détresse mentale.

Nos jeunes sont accusé.e.s.x d’être influencé.e.s.x par internet, contaminé.e.s.x par les réseaux sociaux. Mais ce que nous voyons au jour le jour, dans le monde, et aussi ici à Genève, c’est une contagion de propos cherchant à nier l’existence des personnes trans*, non binaires ou en questionnement d’identité de genre. Des propos souvent violents et humiliants. Chez les jeunes, cela peut aussi avoir un impact sur leur parcours scolaire. Les jeunes personnes trans* sont nombreuses à connaître des périodes d’anxiété et de déscolarisation plus ou moins longues.

Depuis la création de notre association, la scolarité est une de nos préoccupations majeures. Lieu des savoirs, l’école est aussi, pour les jeunes, le lieu d’apprentissage de la vie en société et de ses normes. C’est le lieu des premières amitiés, des liens sociaux qui se forment. Pouvoir être reconnu et accepté à l’école comme la personne que l’on est, est essentiel. Et pourtant, on le voit régulièrement dans les médias, certains persistent à vouloir entraver l’intégration sociale des jeunes trans* et/ou non binaires en milieu scolaire, avec force d’arguments réducteurs et alarmants. Des arguments qui visent à semer la peur dans l’opinion publique et chez les parents de jeunes qui questionneraient leur identité de genre.

Protéger nos enfants, c’est notre rôle de parents. Protéger et défendre les jeunes dans la vie publique et dans la vie privée est une de nos tâches. Notre rôle de parents n’est pas de définir qui nos enfants seront, ce qu’ils/elles/iels feront de leur vie, encore moins d’espérer qu’iels soient le résultat de nos projections.


Notre rôle est aussi de sensibiliser et d’informer toutes les personnes ouvertes et intéressées à entendre notre voix de parents qui vivent les questionnements et les transitions de leurs enfants. Nous voulons contribuer à faire connaître la singularité, la richesse, la diversité, mais aussi la complexité de chaque parcours de transition d’identité de genre. C’est pour cela que nous nous sommes constitués en association, il y a un peu plus d’un an. Notre rôle, notre devoir de parent est d’accompagner nos enfants dans leur vie, dans leur parcours personnel et leur donner le plus de chances possibles pour être heureux et se sentir libre d’être qui iels sont.

Au nom de TransParents, je remercie sincèrement tous les acteurs associatifs, administratifs, culturels et politiques à Genève, qui font un travail formidable pour aider les jeunes à être qui iels sont, qui les aident à se sentir inclus et plus forts.

En cette journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, nous affirmons notre soutien à toutes les personnes LGBTIQ+. Et en tant que parents, nous réaffirmons haut et fort notre amour inconditionnel à tous nos enfants quelle que soit leur identité ou expression de genre, quelle que soit leur orientation sexuelle ou affective.

Soyez libres, soyez qui vous êtes!

Flore Blancpain pour TransParents