FAQ: Monkeypox ou variole du singe

Toutes ces informations sont basées sur les connaissances actuelles de la recherche scientifique.
Service du Médecin Cantonal (Genève)

Situation actuelle

En date du 1er juin 2022, 606 personnes ont été diagnostiquées avec une infection à la variole du singe dans 24 pays habituellement non endémiques pour cette maladie, dont une grande majorité en Europe. A cette même date, quatre personnes en Suisse, dont une à Genève, avaient une infection à la variole du singe.

Pourquoi ce nom?

Le virus a été nommé « Monkeypox » ou « variole du singe » en 1958 au Danemark. A cette époque, le virus était encore inconnu et n’avait été mis en évidence que chez des singes. Nous savons aujourd’hui que ce virus infecte en réalité diverses espèces animales – et non principalement les singes – et que les rongeurs jouent un rôle important dans la transmission.

La maladie a, pour la 1re fois, été diagnostiquée chez des êtres humains en 1970 en République démocratique du Congo.

Qu’est-ce que cette maladie?

La variole du singe est causée par un virus qui se transmet entre l’animal et l’humain, et entre les humains.

Depuis sa découverte chez l’humain, il n’y a eu que de rares épidémies, et relativement peu de malades. C’est pour cette raison que les scientifiques n’ont actuellement pas toutes les réponses concernant ce virus.

La variole du singe circule depuis 1970 en Afrique centrale et Afrique de l’Ouest. Jusqu’ici, les rares cas découverts hors du continent africain étaient des cas importés suite à un voyage. Depuis mai 2022, plusieurs personnes en Europe, en Australie et sur le continent américain ont attrapé la variole du singe sans avoir voyagé dans les pays où le virus est habituellement présent et sans qu’un contact direct avec une personne de retour de ces régions puisse être identifié. C’est cette situation nouvelle et extraordinaire qui explique pourquoi nous sommes aujourd’hui particulièrement attentifs et vigilants.

Quels sont les symptômes de la maladie?

Comme pour beaucoup de maladies, les premiers signes sont:

Des symptômes grippaux, notamment:

  • Soudaine poussée de fièvre (plus de 38,5 °C);
  • Maux de tête;
  • Courbatures;
  • Ganglions enflés (principalement au cou, mais aussi sous les aisselles et à
    l’aine);
  • Douleurs aux muscles;
  • Douleurs au dos;
  • Grande fatigue;

A noter que ces symptômes ne sont pas toujours présents.

Des lésions de la peau:

  • Il peut s’agir de plaques rouges ou de boutons, généralement avec du liquide à
    l’intérieur;
  • Ces lésions apparaissent 1 à 3 jours (mais parfois plus) après les symptômes
    grippaux;
  • Elles apparaissent typiquement d’abord sur le visage puis sur le reste du corps
    y compris sur les mains, les pieds et les organes génitaux; cependant, d’autres
    présentations sont décrites avec des boutons isolés (organes génitaux inclus);
  • Certaines personnes peuvent n’avoir que quelques lésions, d’autres peuvent en
    avoir des centaines;
  • Ces lésions peuvent mettre entre 2 et 4 semaines pour disparaître;
  • Elles contiennent du virus. Il faut donc éviter d’y toucher. Il faut attendre qu’elles
    sèchent, que les croûtes soient tombées et qu’une nouvelle peau se soit formée
    pour être sûr de ne plus transmettre la maladie à d’autres personnes.

Les symptômes de la variole du singe peuvent parfois être confondus avec ceux d’autres maladies, comme la syphilis, l’herpès ou la varicelle. Seul un professionnel de la santé peut poser le diagnostic. En cas de symptôme, contactez un médecin.

Combien de temps après l’exposition la maladie se déclare-t-elle?

En général, les premiers symptômes apparaissent entre 5 et 21 jours après l’exposition au virus.

Comment se transmet le virus?

La transmission du virus se fait par de grosses gouttelettes respiratoires ou par contact avec des liquides corporels infectés.

On peut donc tomber malade par exemple:

  • En parlant longtemps et de façon rapprochée avec une personne malade;
  • En ayant des contacts avec les lésions de la peau (tâches rouges ou boutons) ou les liquides corporels d’une personne malade, notamment lors de rapports intimes ou sexuels avec une personne qui présente des symptômes (y compris baisers, contacts peau à peau, relations sexuelles orales ou avec pénétration);
  • En ayant des contacts avec du matériel contaminé par des lésions de la peau (ex: draps, linges, vaisselle).

Le virus est présent dans les liquides du corps comme la salive, le sang et également au niveau des lésions (liquide et/ou croûtes). Il peut entrer par de petites blessures de la peau (même si elles ne sont pas visibles), les muqueuses (bouche, nez, yeux, anus, vagin…). Des recherches sont en cours pour savoir si le virus de la variole du singe est aussi présent dans d’autres liquides corporels comme le lait maternel, les sécrétions vaginales ou le sperme.

Comme pour tous les virus, plus on a de contacts étroits avec des personnes différentes, plus le risque de rentrer en contact avec le virus grandit.

Quand est-ce qu’une personne peut transmettre la maladie?

Une personne est contagieuse dès la phase des symptômes grippaux, qui apparaissent en général 1 à 3 jours avant l’apparition des lésions sur la peau. Elle reste contagieuse jusqu’à la disparition de ces lésions (c.f. schéma ci-dessous).

Par précaution, les autorités sanitaires du Royaume-Uni et l’OMS recommandent l’usage du préservatif durant plusieurs semaines après l’infection et jusqu’à ce que la possibilité d’une transmission sexuelle soit formellement écartée par les études scientifiques.

La variole du singe est-elle une infection sexuellement transmissible?

La variole du singe n’est pas considérée comme une maladie sexuellement transmissible. Toutefois l’acte sexuel facilite la transmission du virus: comme cette maladie s’attrape par le contact prolongé avec une personne contagieuse, plus le nombre de partenaires sexuels augmente, plus le risque d’attraper la maladie est élevé.

Qui sont les personnes les plus à risque d’être contaminées par la variole du singe?

Les personnes les plus exposées au virus sont les personnes qui ont des contacts étroits avec une personne contagieuse, par exemple:

  • Le personnel de santé en contact étroit avec une personne symptomatique s’il ne porte pas d’équipement de protection approprié,
  • les personnes vivant sous le même toit qu’une personne ayant des symptômes,
  • les partenaires sexuels d’une personne ayant des symptômes,
  • les personnes qui ont un contact peau à peau, ou peau à fluides corporels ou avec les vêtements, les draps, les serviettes d’une personne contagieuse.

J’ai des activités à risque (p.ex. grand nombre de partenaires), que puis-je faire pour limiter le risque d’être exposé à la variole du singe?

En attendant d’en savoir plus sur les modes exacts de transmission (incertitudes restantes quant au sperme par exemple), et dans la période actuelle de flambée de cas de variole du singe, on peut:

Limiter le nombre de contacts étroits avec des personnes différentes – notamment sexuels;

Renoncer à participer à des « événements sexuels » en groupe, notamment lorsqu’il n’est pas possible de s’assurer que les personnes présentes n’ont pas de symptômes (darkroom par exemple);

En cas de symptôme:

  • renoncer à participer à des évènements impliquant des contacts étroits –
    notamment sexuels – avec d’autres personnes,
  • contacter un médecin au plus vite,
  • et s’isoler en attendant ses consignes;
  • Renoncer à tout contact étroit avec des personnes malades de la variole du singe;
  • Si on a été malade de la variole, lors de la reprise de la vie sexuelle, porter un préservatif pendant plusieurs semaines après la guérison, car les scientifiques ne savent pas encore si le virus peut se transmettre par le sperme ou les sécrétions vaginales.

Comment peut-on prévenir la variole du singe?

La prévention de la variole du singe passe par le fait de casser les chaines de transmission:

  • Les personnes présentant des symptômes doivent éviter tout contact étroit – et notamment sexuel – et s’isoler en attendant l’avis d’un médecin;
  • Si une personne est testée positive au virus de la variole du singe, elle recevra des consignes d’isolement pour toute la période de contagiosité (qui dure entre 2 et 4 semaines) pour éviter tout risque de transmission à une autre personne;
  • Les personnes ayant été en contact étroit avec un cas positif recevront des consignes d’auto-surveillance, afin de détecter le plus tôt possible l’apparition de symptômes éventuels et éviter tout risque de transmission à une autre personne.

Vous pouvez réduire votre risque en évitant strictement les contacts étroits, y compris les contacts sexuels, avec des personnes qui ont les symptômes de la variole du singe.

J’ai été en contact avec une personne positive pour la variole du singe, que dois-je faire?

Si vous avez été en contact avec une personne ayant reçu le diagnostic confirmé de variole du singe:

  • Service du médecin cantonal (SMC): demandez à la personne testée positive à la variole du singe de transmettre votre contact au SMC, l’organisation de santé avec laquelle elle est déjà en contact. Le SMC vous contactera pour vous conseiller et vous pourrez ainsi poser toutes les questions concernant votre situation individuelle. Toutes les informations recueillies sont traitées de manière strictement confidentielles.
  • Auto-surveillance: soyez attentif à l’apparition du moindre symptôme de la variole du singe (symptômes grippaux et/ou lésions de la peau) et mesurez votre température corporelle au moins deux fois par jour jusqu’au 21e jour après le dernier contact avec la personne testée positive à la variole du singe.
  • Evitez les contacts: vous n’êtes pas formellement en quarantaine, mais pendant 21 jours et par mesure de précaution, vous devez:
  • limiter vos contacts pour éviter de contaminer quelqu’un,
  • renoncer à tous rapports sexuels,
  • éviter les contacts physiques avec les personnes à risque (enfants, personnes
    âgées, personnes immunosupprimées, femmes enceintes),
  • renoncer à dormir dans le même lit qu’une autre personne,
  • et réaliser un lavage des mains régulier.

En cas de doute, si vous avez des symptômes de la variole du singe, contactez un médecin et parlez-lui des éventuelles activités à risque que vous avez eues. Ces informations sont essentielles pour orienter le diagnostic, et toujours confidentielles.

Que faire en cas de symptômes?

Si vous avez des symptômes compatibles avec les symptômes de la variole du singe:

  • Contactez un médecin (médecin traitant, hôpital…) sans délai;
  • En attendant l’avis de votre médecin, isolez-vous des autres personnes, ce qui signifie
    rester dans votre logement, rester dans votre chambre si le logement est partagé, éviter
    de rencontrer d’autres personnes et éviter de partager des objets.

Existe-t-il un traitement pour cette maladie?

Actuellement, le principal traitement sont les médicaments standards pour soigner les symptômes tels que la fièvre, les maux de tête et les courbatures. Dans la plupart des cas de maladie de la variole du singe, un traitement spécifique contre le virus n’est pas nécessaire. Dans le cadre de l’actuelle flambée, les personnes qui sont tombées malades se rétablissent bien.

Le vaccin contre la variole humaine utilisé par le passé en Suisse a permis d’éradiquer cette maladie. Ce vaccin offrait une protection de 85% contre la variole du singe. Le vaccin actuel contre la variole humaine est différent: il n’est aujourd’hui ni autorisé ni disponible en Suisse, et l’on ne sait pas encore dans quelle mesure il serait utile contre la variole du singe. Des recherches sont en cours.

Personnes à risques de complications

La maladie est généralement bénigne. La plupart des malades se rétablissent en quelques semaines.

Les personnes immunodéprimées (par exemple les personnes vivant avec le VIH sans traitement efficace), les nourrissons, les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées semblent présenter un risque plus élevé d’évolution grave, selon les connaissances à disposition des flambées précédentes.

De nombreux cas de variole du singe ont été identifiés parmi les communautés d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Qu’en est-il?

Lors de cette flambée, plusieurs cas de variole du singe ont été détectés chez des personnes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) qui ont participé à des évènements les ayant mis à risque de contracter la maladie (multiplication de partenaires sexuels). Il est important de comprendre que le risque de variole du singe ne se limite pas aux HSH. Quiconque est en contact étroit avec une personne contagieuse est à risque. L’hypothèse est que les personnes qui ont plusieurs partenaires sexuels multiplient les situations à risque et donc la probabilité de contracter la maladie. En plus, comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé, la surreprésentation des personnes ayant des rapports sexuels avec des hommes parmi les personnes ayant un diagnostic de variole du singe peut s’expliquer aussi par le comportement positif de recherche de santé dans cette communauté (c’est-à-dire qu’ils sont
sensibilisés aux thématiques de santé, savent reconnaître des symptômes et ont le réflexe de consulter en cas de doute). Les éruptions cutanées de la variole du singe peuvent ressembler à certaines maladies sexuellement transmissibles, notamment à l’herpès ou à la syphilis, ce qui peut expliquer pourquoi ces cas sont détectés dans les cliniques de santé sexuelle. Il est probable que plus on en apprendra sur la variole du singe, plus on sera en mesure d’identifier des cas dans la communauté au sens large. Stigmatiser les personnes à cause d’une maladie n’est jamais acceptable. N’importe qui peut contracter ou transmettre la variole du singe, quelle que soit sa sexualité.

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