Allocution de Alfonso Gomez, Conseiller administratif lors Cérémonie à la mémoire de Bartholomé Tecia

En tant que Conseiller administratif en charge de l’égalité et de la diversité en Ville de Genève, c’est un plaisir et un honneur pour moi que de représenter une nouvelle fois les autorités municipales lors de cette cérémonie à la mémoire de Bartholomé Tecia.

En cette Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, ce moment de partage, d’hommage et de communion est dédié à toutes les personnes persécutées à travers le monde en raison de leur orientation sexuelle et affective, ou de leur identité et expression de genre. Des personnes discriminées, humiliées ou violentées, qui sont encore malheureusement trop nombreuses en Suisse comme l’a récemment montré l’enquête du Panel Suisse LGBTIQ+, mais également partout dans le monde. Aujourd’hui, je pense ainsi particulièrement aux personnes LGBTIQ+ victimes de la guerre en Ukraine, aux femmes trans refoulées à la frontière et envoyées sur le front quand leurs papiers ne correspondent pas à leur identité de genre. Je pense aussi à la répression qui s’accentue encore en Russie envers les communautés LGBTIQ+ et à la remise en question des droits des personnes trans aux Etats-Unis.

Dans ce contexte international, la Suisse et Genève doivent plus que jamais être des terres d’asile pour les personnes LGBTIQ+ qui ont dû fuir leur pays. Nous devons les accueillir avec respect et leur garantir la sécurité et les conditions de vie décentes auxquelles elles ont droit. A ce titre, je suis heureux d’avoir aujourd’hui à nos côtés l’association Asile LGBTIQ+, qui lutte pour rendre visible la situation et soutenir les personnes LGBTIQ+ issues de la migration forcée. Son travail est essentiel afin de lutter contre la marginalisation des personnes LGBTIQ+ réfugiées, et afin de leur garantir l’accès au droit de bénéficier d’une protection légale et sociale. La Ville de Genève est particulièrement fière de soutenir cette association.

Le croisement des identités et des systèmes d’oppression est une préoccupation centrale de nos politiques publiques en faveur de l’égalité et de la diversité. Si la Ville de Genève s’engage concrètement depuis plusieurs années sur les enjeux LGBTIQ+ en collaboration étroite avec les associations, cette politique a été renforcée en 2020 par l’adoption d’une stratégie LGBTIQ+ ambitieuse. Celle-ci met au centre la volonté d’identifier, de documenter et de faire connaître les vulnérabilités et les besoins spécifiques des groupes les plus marginalisés au sein des populations LGBTIQ+. Il s’agit de ne laisser personne sans protection, sans reconnaissance de ses droits et identités.

Cette approche est particulièrement visible dans la nouvelle campagne contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie de la Ville de Genève. Elle porte en effet cette année sur une thématique centrale : le droit de chaque personne à l’autodétermination, au consentement et au respect de son corps. Il s’agit de conditions essentielles à notre vivre-ensemble et de revendications séculaires en faveur du droit de disposer librement de son corps.

A travers le travail d’un collectif d’artistes rassemblées par le Fesses-tival, le partenaire principal de cette édition, cette campagne cherche à rendre visible la diversité des corps queers. Et ce, de manière positive et affirmée. Les œuvres créées par ce collectif, que je vous invite à découvrir dans nos rues ainsi que dans le hall d’Uni Mail jusqu’à dimanche, ont particulièrement réussi le pari de l’intersectionnalité en nous permettant de voir les corps au-delà des normes. Elles expriment fierté et joie, et montrent comment l’autodétermination est source d’épanouissement, de liberté et de force. Grâce au talent de ces artistes, les corps individuels deviennent un corps collectif qui se dresse contre les violences et les discriminations. Je profite d’ailleurs de cette cérémonie pour remercier toutes les personnes qui ont participé à la réalisation de cette campagne, ainsi que les associations partenaires de cette cérémonie, à savoir Dialogai, Network Genève et Asile LGBTIQ+.

Cette campagne suscite des réactions, très positives pour la plupart, plus négatives pour certaines. Vous le savez, quelques voix, très largement minoritaires, mais bruyantes, remettent en question le droit, à l’autodétermination, particulièrement pour les personnes trans. Ces critiques sont l’occasion pour moi de réaffirmer ma conviction et celle du Conseil administratif de la Ville de Genève que le droit à l’autodétermination des personnes LGBTIQ+ ne peut et ne doit en aucune façon être remis en question. La Ville de Genève se tient de manière claire et déterminée aux côtés des associations qui accompagnent les personnes dans leur parcours de découverte et d’affirmation de soi. Nous avons la plus grande confiance dans leur expertise, nourrie à la fois de leur longue expérience et de données scientifiques étayées.

Je vous invite, à poursuivre la célébration du 17 mai avec la journée de stands et d’informations contre les LGBTIQ+phobies à Uni Mail, en présence de nombreuses associations locales et nationales. Je vous invite également à redécouvrir les nouveaux drapeaux inclusifs aux couleurs LGBTIQ+ qui habillent aujourd’hui le Pont du Mont-Blanc et le Palais Anna et Jean-Gabriel Eynard. Et ce soir, afin de prolonger la célébration jusqu’au bout de ce 17 mai, le Jet d’eau sera à nouveau éclairé aux six couleurs des communautés LGBTIQ+. La Ville remercie une fois de plus les Services Industriels de Genève pour la fidélité de leur engagement.

Je remercie également Jean-Claude Humbert pour sa performance et tout son travail autour de l’histoire de Bartholomé Tecia. Merci aussi au Canton et à Madame la Conseillère d’Etat d’être, une nouvelle fois, aux côtés de la Ville de Genève pour ce moment d’hommage et de recueillement. Tous mes remerciements enfin aux Services Industriels de Genève de nous accueillir pour le café-croissant, offert par la Ville, qui suivra.

Pour conclure, j’aimerais souligner que, n’en déplaise à certaines et à certains, les luttes pour l’égalité et particulièrement les revendications LGBTIQ+ s’inscrivent dans une approche universelle des problématiques sociétales qui revendiquent la liberté, l’autodétermination, le droit de disposer de son corps et le bien vivre-ensemble.

Je vous remercie de votre attention.