T’es super comme tu es !

Communiqué de presse de l’Aide Suisse contre le Sida du 17 août 2020

Le rapport à son image et à celle des autres est un facteur essentiel pour la santé individuelle et communautaire. Afin d’améliorer une situation aujourd’hui délétère, Dr Gay lance une campagne soutenant les hommes gay et bi ainsi que les personnes trans et non binaires dans l’acceptation de soi et la solidarité dans la diversité. Dans ce cadre, des dépistages à moindre coût seront proposés en septembre et octobre.

Un mal-être endémique aux multiples conséquences.

Des enquêtes de population montrent que l’image corporelle est aujourd’hui l’une des principales préoccupation pour les hommes gays et bisexuels ainsi que pour les personnes trans. Le fait de ne pas correspondre à certains archétypes conduit un grand nombre d’entre eux•elles à ne pas être satisfait•e•s de leur apparence physique et à vivre ou à anticiper des situations de rejet au sein de leur communauté et/ou dans leur relations interpersonnelles. C’est un facteur de stress majeur qui va influer les trajectoires de vie et qui peut avoir un impact important sur la santé.
Les injonctions à avoir un « corps idéal », séduisant et performant, peut conduire certaines personnes à développer une mésestime de soi, une perception de soi faussée, une obsession pour l’exercice et la performance physique ou des troubles alimentaires qui sont ainsi beaucoup plus fréquents dans ces groupes que dans le reste de la population.
Pour dépasser leurs complexes et inhibitions ou pour améliorer leurs corps et/ou leurs performances, certain•e•s vont recourir à divers produits (ex. substances psychoactives et Chemsex, stéroïdes ou interventions ( soins et chirurgie esthétiques) qui ne sont pas sans risque pour la santé biopsycho-sociale. Pour éviter de s’exposer à du rejet, d’autres vont préférer s’isoler et restreindre leur vie sociale, affective et/ou sexuelle. Or, il est établi que les personnes en mal-être et isolées sont plus enclines à d’avantage s’exposer au VIH et aux autres IST ainsi qu’à moins recourir aux offres de santé notamment de dépistage ou de soutien.

Discriminations entrecroisées.

La découverte d’une orientation sexuelle et/ou d’une identité de genre ne correspondant pas aux attentes sociales conduit les hommes attirés par des hommes ainsi que les personnes ne se reconnaissant pas (totalement) dans le sexe qui leur a été assigné à la naissance à avoir un parcours particulier. Celuici commence par l’acceptation de son orientation sexuelle et/ou de son identité de genre et donc à faire face à l’image sociale négative qui y est encore aujourd’hui associée. Pour autant, cette infériorisation sociale de l’attirance pour les personnes du même sexe ou de la noncongruité de genre est déjà intériorisée avec d’importantes conséquences sur l’estime de soi et la santé psychique. Cette situation originelle et les discriminations anticipées et/ou vécues par suite de la révélation (coming out) rendent plus perméable aux injonctions sociales notamment celles issues de la communauté à laquelle les personnes souhaitent s’identifier et appartenir.
Notre ère de l’image liée à l’évolution des médias a fait naitre une société de l’apparence. Les archétypes de genres sont omniprésents et viennent définir ce que serait la « masculinité »» et la « féminité » ainsi que la valeur supposée des corps. Dans la culture gay, l’image qui s’est aujourd’hui imposée est celle d’un jeune homme, blanc, glabre et musclé. Il incarne un idéal de beauté masculine et de santé. La pornographie vient compléter le portrait pour les enjeux d’anatomie et de performance. Pour les personne trans, c’est la conformité des corps et des attitudes à une certaine norme genrée qui est attendue. Tout ce qui tend à vous rapprocher de cette apparence est plus ou moins explicitement encouragé et félicité, favorisant l’intégration et le sentiment d’appartenance. A l’inverse, tout ce qui y déroge peut potentiellement faire l’objet d’un rappel à l’ordre (commentaires, plaisanteries, injures) d’une stigmatisation ou d’une exclusion.
Ainsi, les hommes gays et les personnes trans se retrouvent à l’intersection de deux types de discriminations. Une discrimination originelle en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur genre. Une seconde à l’intérieur même d’une communauté où l’apparence est utilisée comme un moyen de compenser l’infériorisation sociale individuelle et collective.

L’individu devient objet.

Les discriminations en lien avec l’apparence peuvent reposer sur divers critères, isolés ou croisés : l’âge, la morphologie (masse corporelle, musculature les caractéristiques sexuées (poitrine/torse, génitalité l’expression de genre (féminin, masculin, androgyne), la couleur de peau Ceuxci peuvent conduire à un rejet ou à l’inverse à une fétichisation. Dans le deux cas, il s’agit d’une objectivation de l’individu sur la base d’une idéologie (sexisme, racisme, validisme) qui induit une négation de l’humanité. Cela se manifeste notamment dans les espaces de rencontre physiques ou numériques par des assertions comme « Pas de gros, pas de vieux, pas de folles, pas de noirs/asiatiques, pas de séropo » ou leurs pendants « Cherche mec viril / musclé, noir/arabe, », « envie d’essayer avec une trans ». Dans tous les cas, l’individu est relégué au statut d’objet, qu’il soit de dégoût ou de fantasmes.

Une campagne pour l’estime de soi et la solidarité.

Dr Gay a décidé de lancer une campagne afin de mettre en avant la diversité des corps et l’égalité de leur valeur. T’es SUPER comme tu es est ainsi le message porté par les différent•e•s modèles qui ont accepté d’incarner avec positivité et naturel la pluralité des corps afin de favoriser l’acceptation de soi et des autres. La page de la campagne www.drgay.ch/super propose un ensemble de réflexions et de témoignages visant à illustrer les enjeux et les solutions possibles. Enfin, la campagne invite les membres des communautés à participer en relayant le message sur leurs réseaux sociaux et en transmettant des compliments aux personnes qu’elles aiment pour qui elles sont.

Faire un dépistage c’est prendre soin de soi.

Du 1er septembre au 31 octobre, les centres partenaires proposeront aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ainsi qu’aux personnes trans et non binaires un dépistage du VIH, de la chlamydia, de la gonorrhée et de la syphilis au prix de 40 CHF. L’objectif serait que toutes
les personnes qui ne sont pas dans une relation exclusive fassent régulièrement un dépistage des principales infections sexuellement transmissibles.

Centres de dépistage partenaires de l’Aide Suisse contre le Sida et contacts cantonaux :

Dialogai – Checkpoint Genève
022 906 40 30
geneve@mycheckpoint.ch