[INTERVIEW] Noami Portella, infirmière en santé sexuelle à Checkpoint Genève, un service de Dialogai

Naomi Portella est infirmière en santé sexuelle à Checkpoint Genève, un service de Dialogai. Son parcours ancré dans la santé sexuelle des personnes LGBTIQ+ et dans le tissu associatif romand lui permet d’avoir une vision d’ensemble utile à Checkpoint Genève. Interview.

Quel est ton parcours? En quoi consiste ton travail à Dialogai/Checkpoint?

J’ai commencé à me passionner pour la santé sexuelle via un job d’étudiante, en parallèle de mes études d’infirmière à Lausanne. C’était un programme de prévention en santé sexuelle par les pairs en milieu festif et dans les établissements scolaires du poste obligatoire. Ce travail a représenté une vrai réalisation pour moi.

A cette même époque, j’ai commencé à faire mon coming out et je me suis heurtée à l’homophobie et aux inégalités dans le milieu des soins. Au même moment aussi, je suis devenue bénévole dans l’association Lilith qui travaille pour les femmes homosexuelles. Je me suis donc spécialisée dans la santé sexuelle et plus particulièrement, dans celle des LGBTIQ+.

Après mes études infirmières, j’ai commencé à travailler au CheckPoint Vaud à Lausanne et je me suis directement dirigée vers un CAS en santé sexuelle et reproductive. Puis, je me suis orientée vers la gestion de projets, toujours dans ce même domaine, en parallèle de mon travail de Coordinatrice pour la prévention, au sein de l’association Vogay. J’ai donc fait un CAS en santé communautaire et gestion de projet.

Enfin, j’ai enfin terminé ma formation avec le DAS en santé sexuelle et reproductive en 2019. Je suis arrivée à Dialogai en 2017 où j’étais d’abord chargée d’un projet pilote pour la Coordination Romande de lutte du VIH et des IST. Il était question de créer des actions de dépistages hors murs pour les populations à risque dans les cantons de Suisse romande, en collaboration avec les organisations locales. En 2019, le projet a pris fin et j’ai commencé à travailler pour le CheckPoint Genève en tant qu’infirmière en santé sexuelle.

Selon toi, quels seront les grands enjeux de santé en 2020?

Un des buts du CheckPoint est de rendre accessible le dépistage du VIH/IST et des soins en général pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes et les personne trans*. Si cette mission est remplie pour une partie de cette population, il reste encore bon nombre de personnes qu’il est difficile d’atteindre. Je pense par exemple aux personnes issues de la migration, aux personnes trans*, aux personnes qui vivent en situation de précarité…

Un des grands enjeux de santé en 2020 sera justement de rendre accessible nos prestations à ces personnes. Les femmes qui ont des relations sexuelles avec d’autres femmes sont par exemple les grandes oubliées de la santé publique et de la recherche. On connaît les problèmes de santé de ce public mais jusqu’ici, aucune réponse adéquate n’a été développée. Prendre en compte ce public sera un enjeu majeur de santé pour 2020.