[INTERVIEW] Gabriel Mulvey, nouvel infirmier à Checkpoint Genève, se présente

Gabriel Mulvey est infirmier à Checkpoint Genève, un service de Dialogai. Également doté d’un master aux beaux-arts, il met son parcours professionnel atypique au service de notre équipe depuis août 2019.

Quel est ton parcours ? En quoi consiste ton travail à Dialogai/CheckPoint ?

Diplômé depuis 2009, j’ai construit mon parcours d’infirmier dans des structures extra-hospitalières: la santé communautaire et la santé mentale ont guidés mes choix professionnels. En parallèle, j’exerce une activité créative. J’ai effectué un break du monde de la santé en 2012 pour faire un master aux beaux-arts à Londres. À travers cette double formation aux univers très différents, je trouve équilibre et richesse en abordant des sujets analogues qui se confrontent et se nourrissent.

Un CAS en management de projet, effectué en parallèle à un stage à Dialogai en 2019, a posé le socle de mon activité comme infirmier à Checkpoint; d’abord comme remplaçant depuis août 2019, puis comme membre de l’équipe fixe depuis décembre 2019. La richesse de mon activité à Checkpoint réside dans le dialogue, l’échange et la co-construction, tant avec les usagers de Checkpoint qu’avec les équipes. 

Selon toi, quels seront les grands enjeux de santé en 2020?

Dans des systèmes qui tendent à nous saucissonner, la santé sexuelle est à mon sens la pointe d’un iceberg, une porte d’entrée. Les drônes et les kayaks ne suffisent pas, il faut définitivement sortir le matériel de plongée pour comprendre et intégrer la partie immergée. Dans cette ratatouille de challenges, une approche globale de la santé me semble primordiale. 

Je pense qu’il ne faut pas négliger les vestiges de l’ère VIH et l’impact de la médicalisation de nos vies sexuelles. Nous avons aujourd’hui des outils qui nous permettent de l’aborder de manière moins anxieuses; la PrEP en est un bon exemple.

Notre santé mentale me semble être l’un des grand enjeux des années à venir, d’abord dans sa déstigmatisation, puis dans son intégration de manière solide dans les approches en santé de la communauté. Par exemple, le Chemsex est une des thématiques que nous devons impérativement aborder à Genève: tant dans une offre en réduction des risques et des méfaits, que dans l’accompagnement de ceux qui souhaiteraient s’en détacher.

Certains enjeux transcendent le monde de la santé. Nous nous devons, en tant que soignant.e.s, en tant que membre.s et en tant que sympathisant.e.s de la communauté, d’être pionniers en la matière en luttant contre l’homophobie ordinaire, les discriminations intra-communautaires et l’homophobie intériorisée, de manière responsable et bienveillante. Nous vivons actuellement un entrain constructif et positif, dans lequel la poursuite de la compréhension et l’intégration des questions d’identité sont fondamentales. Enfin, les partenariats transdisciplinaires intra et extra-communautaires doivent être développés et mûris.