[INTERVIEW] Caroline Dayer, chargée de lutte contre l’homophobie et la transphobie à 40% à Dialogai

Caroline Dayer est chargée de lutte contre l’homophobie et la transphobie à 40% à Dialogai depuis juin 2019. Elle dispense des cours de prévention de l’homophobie et de la transphobie auprès des partenaires et de différents corps de métier dont la police municipale et cantonale. Interview.

Quel est ton parcours?

Chercheuse et consultante, formatrice et autrice, je suis titulaire d’un doctorat de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève, diplômée en sciences sociales (Paris 8) et en études genre (Certificat lémanique). J’ai ensuite accompli un séjour scientifique à l’Ecole Normale Supérieure et à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris puis réalisé une formation en management au Centre romand de promotion du management à Lausanne.

Après treize années de recherche et d’enseignement à l’Université de Genève, je suis actuellement experte en prévention des violences et des discriminations. Je travaille notamment sur les champs scolaires et professionnels, sur les contextes d’éducation et de formation, sur les processus de socialisation et d’apprentissage, sur les mécanismes de stéréotypage et de stigmatisation, sur les phénomènes d’injure et de (cyber)harcèlement-intimidation, sur les enjeux d’égalité et de diversité. Je me centre plus précisément sur la triade sexe-genre-sexualité, sur les questions LGBTIQ ainsi que sur les facettes et les répercussions du sexisme, de l’homophobie, de la biphobie et de la transphobie.

Autrice de différents ouvrages et articles scientifiques, je conçois aussi des outils pédagogiques, des guides pratiques et des dispositifs de formation, tout en participant à l’élaboration et à la consolidation de politiques publiques. Lauréate du Forum des 100 personnes qui font la Suisse romande en 2017 sur la thématique de la santé, mes activités se déploient sur le plan local comme international.

Quelles sont tes priorités à Dialogai?

En tant que chargée de lutte contre l’homophobie et la transphobie à 40%, je dispense notamment des cours de prévention de l’homophobie et de la transphobie auprès des partenaires et de différents corps de métier dont la police municipale et cantonale.

En collaboration avec la Fédération genevoise des associations LGBT, je développe le réseau de prévention de l’homophobie et de la transphobie au sein des établissements scolaires genevois.

En regard des apports scientifiques contemporains en lien avec la réduction de l’homophobie et de la transphobie, j’effectue une revue de la littérature afin de dégager des pistes de recherche et des outils pertinents.

Je soutiens et accompagne les victimes de violences homophobes ou transphobes. J’ai d’ailleurs un numéro direct: 076 382 55 84 (horaires de bureaux).

Au niveau des discriminations à l’égard des personnes LGBTIQ+, quels seront les grands enjeux politiques ou sociaux en 2020?

Afin d’avancer concrètement, il est nécessaire d’articuler d’une part la prévention et la réduction des violences et des discriminations et d’autre part l’obtention de l’égalité de droit et de fait.

Par exemple, le 9 février 2020, une votation populaire aura lieu sur la modification du 14 décembre 2018 du code pénal et du code pénal militaire (Discrimination et incitation à la haine en raison de l’orientation sexuelle) (FF 2018 7867). Suivra le vote sur l’ouverture du mariage civil, dans une version qui ne sera pas forcément égalitaire. La question n’est donc pas d’avoir plus de droits mais les mêmes droits, ce qui n’est pas le cas en Suisse, qui est d’ailleurs en retard par rapport à ses pays voisins. Les lacunes sur les questions trans* et intersexes sont particulièrement saillantes.

Les enjeux consistent donc à progresser autant sur le plan légal que sur celui des mentalités, en informant et en formant, en articulant les leviers individuels, collectifs et institutionnels, vers davantage de justice sociale.