Des pierres et des coups lors de la Gay Pride à Kiev

gaypridekievSamedi, des ultranationalistes homophobes ont perturbé la deuxième « Marche de l’égalité » de l’histoire de l’Ukraine indépendante.

Deux policiers antiémeutes interpellent un militant ultranationaliste opposé à la tenue de la Marche de l’égalité, samedi à Kiev. (Photo Genya Savilov. AFP)

La deuxième Gay Pride de l’histoire de l’Ukraine indépendante n’a pas été plus calme que la précédente, en 2013. Elle a été émaillée, samedi à Kiev, de heurts violents entre ultranationalistes, militants des droits des homosexuels et forces de police, causant une vingtaine de blessés et vingt-cinq interpellations.

La «Marche pour l’égalité» a réuni près de deux cents personnes dans un lieu dévoilé à la dernière minute, loin du centre-ville. Avant même que le défilé ne démarre, des extrémistes cagoulés s’en sont pris aux militants LGBT. Des heurts ont ensuite éclaté avec les forces de l’ordre. Attaqués à coups de pierres et à l’aide de bennes à ordures par les ultranationalistes, neuf policiers ont été blessés, dont un grièvement, a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Amnesty International a de son côté affirmé que «dix manifestants avaient été blessés après avoir été attaqués par des protestataires homophobes». «Davantage de mesures auraient dû être prises pour tenter d’empêcher cela», a réagi l’ONG, estimant que la police «s’était organisée à la dernière minute pour assurer la sécurité de la marche». Le défilé a toutefois eu lieu et Vira, une militante LGBT de 31 ans refusant de donner son nom par crainte de représailles, exprimait à l’AFP : «Cette marche prouve que nous existons. J’ai très peur mais je suis aussi très fière de moi d’être venue.» Vira a fait la route depuis Kharkiv, grande ville industrielle proche de la zone du conflit dans l’Est séparatiste prorusse.

 

Vendredi, le président ukrainien, Petro Porochenko, avait exprimé son soutien à la Gay Pride, ajoutant toutefois qu’il ne souhaitait pas y participer. «J’observe la Marche de l’égalité à la fois en tant que chrétien et en tant que président européen. Je pense que ces deux idées sont tout à fait compatibles», a-t-il déclaré.

La première tentative de défilé des fiertés homosexuelles, en mai 2012, avait tourné court : la police avait demandé aux organisateurs d’y renoncer, trente minutes avant son départ, en raison de l’afflux à Kiev de 500 activistes d’extrême droite (skinheads, néonazis, supporteurs de foot violents). Les images de militants battus et aspergés de gaz lacrymogène avaient fait le tour du monde. Devant les protestations des ONG et de la communauté internationale, les autorités avaient accepté de garantir la sécurité de la Gay Pride 2013, qui avait réuni 150 personnes sous haute surveillance. En 2014, nouvelle annulation. Le nouveau maire de Kiev, Vitali Klitschko, avait prévenu l’organisation que les forces de l’ordre ne protégeraient pas le défilé. Il y a quelques jours, l’ancien champion de boxe demandait aux organisateurs de renoncer à la marche en raison des risques de violences. Ils ont préféré passer outre l’avertissement.

Source : François-Xavier Gomez pour Libération