C+H, le groupe chrétien de Dialogai reçoit Emmanuel Rolland, Pasteur à la cathédrale Saint-Pierre pour une discussion autour d’un fameux passage de l’Evangile selon Saint Marc. Porter sa croix pour suivre le Christ désigne pour certains l’homosexualité comme une épreuve à surmonter. Or, à cette interprétation sacrificielle de la foi, il est possible d’opposer une lecture qui n’implique pas de renoncer à sa nature.
Marc 8:34 : « Quiconque veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et me suive »
La foi implique des renoncements, mais certainement pas de nier sa nature. Désigner l’homosexualité comme cette croix à porter est une interprétation hâtive qui s’appuie peut être sur les passages de la Bible la condamnant, mais qui méconnait les autres qui l’illustrent. D’ailleurs en faisant le parallèle avec l’hétérosexualité, on se rend compte qu’il ne s’agit jamais de mettre en cause ce qui définit son identité, mais plutôt d’élever son rapport au monde et aux autres.
La Bible est un message d’acceptation et de reconnaissance. La condamnation de l’homosexualité est sans doute plus le reflet de la société d’alors, que la volonté de proscrire une partie de l’humanité. Le Christ n’a-t-il pas visité les lépreux pour leur apporter son soutien ? N’aurait-il pas tout aussi bien pu accorder la même attention aux homosexuels ? C’est l’homme qui fait de l’homosexualité un fardeau; Dieu, lui, va vers tous ceux qui souffrent !
Les lectures fondamentalistes oublient que la foi a su, plus ou moins rapidement, s’adapter à la société. L’interprétation des Ecritures est sans cesse renouvelée et poursuit un mouvement vers toujours plus de lumière. Loin de perdre l’essence des textes, une interprétation contemporaine permet de renouer avec une finalité trop souvent occultée : s’épanouir et accéder à la joie.
Rencontre C+H, le 10 mars, à Dialogai.
photo : Win Delevoye