Dans les favelas de Rio, la Parada de Orgulho LGBT revendique aussi des droits pour les populations pauvres du Brésil

Gay pride favelas del mareCe dimanche a eu lieu à Rio de Janeiro une Gay Pride particulière : la Parada de Orgulho LGBT dans le complexe de favelas de la Mare où  vivent plus de 130.000 habitants.  L’évènement est organisé pour la deuxième année par le Grupo Conexão G

Le « Grupo Conexão G de Cidadania LGBT Moradores de Favelas »  a été fondé en 2006 par les jeunes résidents de Complexo da Maré pour mobiliser et représenter la population LGBT des favelas du Rio de Janeiro dans la recherche de la citoyenneté et des droits égaux. La Parade a été réalisée après un partenariat entre le Grupo Conexão G et une dizaine d’associations (Fight for Peace, Ibase, Cedaps, Instituto Promundo, CAP 3.1, Observatório de Favelas, Redes de Desenvolvimento da Maré, Raízes em Movimento, FASE et Coordenadoria Especial da Diversidade Sexual ) pour sensibiliser les populations des favelas aux différentes formes de discriminations  et aux préjudices qu’elles causent, en particulier dans l’incidence de l’épidémie due au VIH Sida.

Les participant-e-s réclament les mêmes droits pour les homosexuel-le-s des favelas que pour les homosexuel-le-s des autres classes sociales au Brésil.

Au Brésil, le mariage homosexuel a été reconnu par la Cour suprême de la Nation mais dans les favelas, on est loin de penser encore au mariage. Le problème principal, c’est la discrimination vécue au quotidien. Ce que veulent les homosexuel-le-s des favelas, c’est qu’on parle des différentes sexualités à l’école, qu’on éduque les enfants pour combattre les préjugés. Les homosexuels demandent aussi la pénalisation de l’homophobie car le pays reste un des plus meurtriers. L’an dernier, on a recensé 336 meurtres homophobes, près d’un par jour, la plupart dans les zones les plus défavorisées du pays et plus qu’en 2012.

La Gay Pride a eu lieu dans l’un des plus grands complexes de Rio de Janeiro, le complexe da Mare, occupé depuis le mois d’avril par l’armée, c’est-à-dire où les trafiquants de drogue ont été chassés. car les trafiquants n’aiment guère les mouvements revendicatifs, donc pas les gay prides. Les organisateurs ont dû, du reste, travailler avec les militaires pour la sécurité du défilé.

Généralement, la population « LGBT » se fait discrète dans les favelas par peur des préjugés et éventuelles représailles, L’objectif des organisateurs est donc de « sortir du placard » et de montrer que les gays sont bien présents et nombreux.

En plus du cortège, les organisateurs ont mis en place une foire de la santé et de la citoyenneté et un forum de libres discutions autour des questions de sexualité, de genre et de prévention, sujets tabous dans les favelas où la population évangélique est souvent très présente et parfois agressive.

Source : Carnets du monde de la RTBF