Un tribunal local de Beijing a été saisi du premier cas relatif à la « thérapie de conversion de l’homosexualité », dont les défenseurs des droits des LGBT estiment qu’il pourrait devenir une affaire marquante susceptible de conduire à la reconnaissance de l’homosexualité comme une chose normale et atténuer les préjugés du public à son encontre.
Le tribunal de district de Haidian a donc ouvert le procès intenté par Xiao Zhen (pseudonyme), un homosexuel, contre un centre de conseil psychologique du nom de Xinyu Piaoxiang, basé Chongqing, qui proposait un traitement de conversion par une thérapie à base d’électro-chocs. Il a également poursuivi Baidu, le plus grand moteur de recherche de Chine, pour avoir diffusé des publicités pour le centre.
Xiao Zhen, 30 ans, a fait son coming-out en 2010. Face à la pression de ses parents, il a commencé à chercher de « l’aide » en 2013. Apprenant que l’homosexualité pourrait être «curable», il a cherché sur Baidu, qui, selon lui, a affiché le traitement par électro-chocs de Xinyu Piaoxiang en haut des résultats de recherche.
Il a dépensé 500 yuans (80 dollars US) pour ce traitement. Alors qu’il était plongé dans un état d’hypnose, il s’est vu demander d’avoir des pensées sexuelles impliquant des hommes, quand le psychiatre lui a infligé un choc électrique au bras. « Le psychiatre m’a dit que le traitement comprendrait cinq séances, chacune comprenant six traitements. Et que cela voulait dire de trois à quatre périodes de chocs au cours de chaque traitement. J’ai pensé que je pourrais devenir fou après tout cela », a dit Xiao Zhen. Il a abandonné après un seul traitement.
Li Duijun, l’avocat de Xiao Zhen, a déclaré que son client avait de grandes chances de victoire du fait des éléments de preuve présentés, qui pourraient prouver que le centre de consultation n’avait pas de permis pour un traitement psychologique.
Jiang Kaicheng, le directeur du centre Xinyu Piaoxiang, et des représentants de Baidu ont quitté le tribunal sans répondre aux questions des médias après l’audience de jeudi.
Avant le début de l’audience, trois militants du Centre LGBT de Beijing s’étaient alignés devant le tribunal avec des banderoles où on pouvait lire « Soutenez le tribunal de Haidian, dites non à la thérapie de conversion ! ».
Le service de sécurité du tribunal est intervenu ultérieurement et a interrompu la manifestation.
Mais il n’a pas pu arrêter l’enthousiasme et l’espoir chez les militants des droits LGBT qui ont vu dans cette affaire un « jalon » qui pourrait favoriser davantage les droits des LGBT en Chine.
Selon des militants, cette affaire devrait changer certaines choses en ce qui concerne les directives cliniques officielles de la Chine relatives au diagnostic des troubles mentaux et aider à promouvoir la dépathologisation de l’homosexualité dans le pays.
Source: french.china.org.cn