L’OMS appelle les catégories de population à risque pour la contamination par le VIH à prendre des antirétroviraux à titre de prévention

PrEPDans un rapport publié ce vendredi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’inquiète de l’augmentation des infections par le VIH parmi cinq catégories de population parmi lesquelles la prévalence de l’épidémie est inquiétante : les hommes qui qui ont des relations sexuelles avec des hommes, les prisonniers, les personnes qui s’injectent des drogues, les travailleurs du sexe et les trans*, surtout les femmes pour ces deux dernières catégories.

Les études indiquent que les travailleuses du sexe sont 14 fois plus susceptibles d’avoir le VIH que les autres femmes ; les hommes qui  ont des relations sexuelles avec des hommes le sont 19 fois plus que la population générale ; les femmes trans* le sont presque 50 fois plus que d’autres adultes. Pour les personnes qui s’injectent des drogues, des études montrent que les risques de l’infection au VIH peuvent être aussi 50 fois plus hauts que la population générale.

« Aucune de ces personnes ne vit isolément, » dit Dr Gottfried Hirnschall, le Directeur du Département à l’OMS. « Les travailleuses du sexe et leurs clients ont des maris, des femmes et des partenaires. Certains s’injectent des drogues. Beaucoup ont des enfants. L’échec de fournir des services aux personnes qui présentent le risque le plus élevé de contamination au VIH met en danger le nouveau progrès contre l’épidémie mondiale et menace la santé et le bien-être d’individus, de leurs familles et plus large ment de toute la communauté. »

 Les directives décrivent des étapes pour les pays pour réduire de nouvelles infections au VIH et augmenter l’accès au test du VIH, au traitement et au soin pour ces cinq populations clés. Ils incluent une gamme complète de recommandations cliniques, mais, pour que celles-ci puissent être efficaces, on recommande aussi que les pays doivent enlever les barrières légales et sociales qui empêchent beaucoup de personnes d’avoir accès aux services.

 Pour la première fois, l’OMS recommande fortement la prophylaxie de pré exposition aux hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, soit de prendre des médicaments antirétroviraux comme une méthode supplémentaire de prévention contre l’infection au VIH  à côté de l’utilisation de préservatifs. Les taux d’infection au VIH parmi les hommes ont des relations sexuelles avec des hommes restent élevés presque partout et des nouvelles options de prévention sont nécessaires en urgence.  

 Les modélisations évaluent que, globalement à l’échelle mondiale, des réductions de 20-25 % de l’incidence de VIH parmi les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes pourraient être réalisés par la prophylaxie de pré exposition, évitant jusqu’à 1 million de nouvelles infections parmi ce groupe dans les dix prochaines années.

 Mais ces recommandations de l’OMS ne s’appliquent pas à tous les homosexuels. Leur application est soumise aux circonstances particulières existant dans chaque pays .  

« Si vous avez une relation amoureuse stable, ou si les deux partenaires sont séronégatifs et qu’il n’y a pas de risque, vous n’avez absolument aucune raison de prendre ces médicaments« , a expliqué Gottfried Hirnschall joint au téléphone par l’AFP.

« S’il s’agit d’une relation où l’un des partenaires est séropositif et l’autre séronégatif, c’est une option que celui des deux qui est séronégatif doit considérer« , a-t-il ajouté.

« Les études qui ont été faites ne montrent pas d’effets secondaires très importants, mais ce sont des médicaments, ce sont des traitements, et donc cet aspect doit être évidemment pris en considération avant de prendre une décision« , a-t-il noté.

truvada Dejà Aides réclame que le traitement préventif soit accessible en France. Pour la première association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales, la prise de position de l’OMS, à quelques jours de l’ouverture de la Conférence Internationale sur le sida de Melbourne, « n’a rien d’anodin ». Aides se félicite que l’OMS vienne « conforter (son) plaidoyer pour la mise à disposition immédiate des antirétroviraux à titre préventif pour les groupes les plus exposés au VIH ».

« C’est un pas de plus vers la généralisation de la prévention combinée, à savoir l’utilisation complémentaire du dépistage, du préservatif et des traitements préventifs et thérapeutiques pour endiguer l’épidémie« , a-t-elle expliqué.

Face à une épidémie particulièrement active en France parmi les homosexuels masculins, Aides souligne que « ce nouvel outil permettrait d’éviter de nombreuses contaminations« . Et elle appelle « une nouvelle fois la ministre de la Santé à sortir de l’immobilisme« , jugeant « urgent » de donner aux homosexuels l’accès au traitement préventif, via une « recommandation temporaire d’utilisation (RTU)« .

Cette procédure permet de délivrer un médicament pour une indication qui n’est pas autorisée en France. Le Truvada, médicament de la catégorie antirétroviraux associant deux molécules, est autorisé pour traiter des sujets infectés par le virus du sida, mais ne l’est pas pour un usage préventif chez des personnes séronégatives, au contraire des Etats-Unis qui l’autorisent.

no kpote Toutes les réactions ne sont pas aussi favorables : « L’ANRS annonce clairement le raisonnement qui fonde cette philosophie du tout médicament en publiant cette publicité incroyable dans la presse gay. Et nous les militants gays allons devoir affronter la campagne homophobe qui va forcément arriver : les homos, qui ont inventé le safer-sexe ne sont plus que des jouisseurs incontrôlables. Merci l’OMS et l’ANRS! » (Hervé Latapie, auteur du  livre. « Génération Trithérapie. Rencontre avec des jeunes gays séropositifs »)