L’ancien nageur Ian Thorpe, 31 ans, cinq fois champion olympique, a fait son « coming out », ce dimanche, lors d’une émission diffusée sur Channel 10, chaine australienne au cours d’un entretien avec le présentateur britannique Michael Parkinson.
Cette révélation intervient après des années de rumeurs, toujours démenties par le champion australien. Selon le Sunday Telegraph, « Thorpedo » (son surnom) explique dans cette interview qu’il a dû batailler longtemps contre la dépression avant de se décider à parler de son homosexualité.
Dans This is me (« C’est moi ») son autobiographie parue en 2012, il disait : « Je ne suis pas homosexuel, et toutes mes expériences ont été hétérosexuelles. Je suis attiré par les femmes, j’adore les enfants et j’aspire à fonder, un jour, une famille ». Dans cette autobiographie, il avait révélé souffrir depuis des années de dépression, au point d’avoir des pulsions suicidaires et d’ingurgiter de grandes quantités d’alcool pour chasser ses idées noires. Et ce avant même la fin de sa riche carrière..
Jusqu’en 2004, tout parait aller bien pour Thorpe. L’Australien, champion précoce (champion du monde du 400m à 15 ans), se confectionne un palmarès exceptionnel. Il prend ensuite une année sabbatique, renonçant aux Mondiaux 2005. Puis il annonce sa retraite le 21 novembre 2006, à 24 ans, alors que les Championnats du monde font escale dans son pays (à Melbourne) en avril 2007. Mais le 2 février 2011, désormais installé en Suisse, il confirme les rumeurs en annonçant son retour à la compétition. Son ambition de se qualifier pour les JO 2012 sur 100 et 200m, au moins en relais, tourne au fiasco.
Au début de l’année il avait été hospitalisé deux fois. Thorpe a été hospitalisé fin janvier pour dépression et abus d’alcool puis l’ancienne vedette de la natation dépressif depuis la fin de son exceptionnelle carrière, a été interné après avoir été découvert errant dans une rue de Sydney, sous l’empire de médicaments.
Ian Thorpe raconte : « J’avais 16 ans quand on m’a posé cette question pour la première fois. Cela fait longtemps que j’y réfléchis… Je ne suis pas hétérosexuel. Ce n’est que très récemment, au cours des deux dernières semaines, que je me suis senti à l’aise pour le dire exactement et en parler avec mes proches. »
Et d’expliquer, au regard des longues années de dénégations catégoriques qui se sont écoulées : « Je ne veux pas que les jeunes vivent ce que j’ai vécu. Cela fait un moment que je veux le dire. Je ne pouvais pas, je ne m’en croyais pas capable. Le problème c’est que j’étais si jeune quand on m’a posé cette question sur ma sexualité. Je suis allé dans une école de garçons, alors quand on vous accusait d’être gay, la première réponse était non, et ensuite vous vous prépariez à vous battre. J’avais répondu qu’il était inapproprié de poser une telle question à un enfant et qu’il était (d’ailleurs) inapproprié de poser cette question à qui que ce soit.
Mais (…) j’ai réalisé que le mensonge était devenu si gros que je ne voulais pas que les gens remettent en cause mon intégrité. Il y a un peu d’ego, en l’occurrence. Je ne voulais pas que les gens se demandent si j’ai menti sur tout. Oui, j’ai menti à ce sujet. Je n’ai pas de problème à dire que je suis un homme gay. Mes parents m’ont dit qu’ils m’aiment et me soutiennent. Une partie de moi ne savait pas si l’Australie voudrait que son champion soit gay. Mais je le dis haut et fort : je le suis. »
Aujourd’hui, en annonçant publiquement son homosexualité, Thorpe a enfin décidé d’assumer ce qu’il est. Cela lui permettra peut-être de trouver une nouvelle sérénité. Et c’est sans doute ce qui pouvait arriver de mieux à cet immense champion.