Même les cyclones subissent une discrimination liée au genre …

cycloneLes cyclones qui portent un nom féminin font plus de morts que ceux portant un nom masculin!

C’est l’étonnante conclusion d’une (très sérieuse) étude menée par des scientifiques américains publiée hier dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

La faute à une perception du danger bien différente selon le genre attribué aux cyclones.  Des chercheurs en sciences de la communication et en statistiques tirent leur constat du passage en revue des 94 cyclones tropicaux qui se sont abattus sur les Etats-Unis entre 1950 et 2012. La conclusion est sans appel : Les cyclones « féminins » sont, en moyenne, presque trois fois plus meurtrier que les cyclones « masculins »‘

 De l’après-guerre aux années 1970, les cyclones atlantiques ont été systématiquement baptisés de noms féminins.

 La raison de ce choix exclusivement féminin par les institutions  américaines concernées, le National Hurricane Center (NHC) et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) n’a jamais été clairement explicitée. (Depuis  1979 les listes « officielles » de noms d’ouragans passeront sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), et feront alterner les noms masculins et féminins.)

 Mais la probabilité est forte que cet usage soit une conséquence de la mysoginie quotidienne et du sexisme banalisé des météorologistes américains – principalement mâles – pour qui la nature féminine est forcément imprévisible et potentiellement destructrice.

 Les réactions collectées sur un forum de Yahoo confirment cette misogynie, qui se cachent derrière un humour potache et ravageur : « Les femmes sont de vraies tornades, c’est connu ! » « C’est féminin un cyclone : elle arrive chaude et humide, elle repart en emportant ta bagnole et ta maison… »

 Les chercheurs n’ont toutefois pas poussé l’indélicatesse jusqu’à publier une estimation chiffrée des dégâts de ce sexisme ordinaire. Interrogée par Le Monde, Sharon Shavitt, une des chercheuses à l’origine de cette publication, précise que les 47 ouragans les plus destructeurs ayant frappé les Etats-Unis – 30 féminins, 17 masculins  en excluant  Katrina (2005) et d’Audrey (1957) deux phénomènes hors normes qui auraient biaisé l’analyse – ont provoqué au total 1745 morts. « Les 17 masculins ont causé 391 morts, soit en moyenne 23 morts par événement. Les 30 féminins ont causé 1354 morts, soit 45 en moyenne par événement. »

Les auteurs de l’étude expliquent ce résultat par une altération de la perception des risques. En clair, la population aurait tendance à sous-estimer la force des cyclones avec des prénoms féminins…   » « Victor » effraie plus que « Victoria »  » 

 Pour achever de valider leur théorie, les auteurs ont également conduit pas moins de six expériences de psychologie en laboratoire, interrogeant des centaines de participants confrontés à une même situation d’alerte, le seul paramètre variant étant le nom de l’ouragan. A peu près systématiquement, la prise de conscience du risque est plus élevée lorsque le nom du phénomène est masculin.

 Le sexisme fait des ravages aussi en météorologie…