« Et si moi aussi ? », la campagne de la ville de Genève sur l’homophobie au travail.

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Pour la seconde année consécutive, la Ville de Genève souhaite célébrer la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie 2014 en mettant en avant le travail d’associations locales. Pour cette édition 2014, la Ville s’est associée avec la Fédération genevoise des associations LGBT, LWork et Network, le temps d’une campagne d’affichage, axée sur le monde du travail.

La campagne « Et si moi aussi ? » cherche à interpeller le grand public sur le fait que la vie privée est naturellement présente sur le lieu de travail et que, pour les personnes LGBT, être soi au travail peut être un enjeu. Elle souhaite mettre en lumière une discrimination plus sournoise : l’invisibilité et la difficulté pour les personnes LGBT à être elles-mêmes dans leur cadre professionnel, à parler de leur vie privée ou familiale avec leurs collègues.

Ainsi, selon un sondage mené par l’Autre Cercle, association française, en 2011, 67% des personnes interrogées ne souhaitent pas être out, par peur des conséquences négatives. Un climat de travail homophobe, transphobe ou perçu comme tel peut donc amener un.e employé.e à ne pas mentionner sa vie privée lors de la pause café, voire à inventer un.e conjoint.e de même sexe. Le climat de confiance instauré entre employeur.euse, employé.e, mais aussi avec les collègues, est donc ténu.

Au-delà de l’invisibilité et de la difficulté d’être soi-même pour un.e employé.e LGBT, les études américaines et canadiennes et les témoignages recueillis sur le terrain montrent qu’un coming-out peut engendrer, aujourd’hui encore, une péjoration des conditions de travail : injures, harcèlement moral ou sexuel, mobbing, perte de responsabilités, voire licenciement. Ces discriminations pèsent sur la santé et le bien-être des employé.e.s, les empêchant d’être épanoui.e.s dans leur quotidien professionnel, et péjorent le climat de travail en général. « Les femmes lesbiennes sont doublement prétéritées subissant à la fois la discrimination de la lesbophobie et en tant que femmes : les inégalités salariales, le plafond de verre, les attitudes sexistes, etc. », indique Carine Landolt, responsable relations publiques pour LWork. « Les personnes transidentitaires, plus visibles lorsqu’elles sont en transition que les personnes homosexuelles ou bisexuelles, subissent plus frontalement encore la transphobie en emploi, encourant pertes de responsabilités, diminution salariale et licenciement, ou encourant des difficultés à trouver un emploi. », indique Delphine Roux, coordinatrice des Assises contre l’homophobie et la transphobie dans le monde du travail.

Face au manque d’une norme pénale réprimant les propos et comportements homophobes et transphobes, une grande disparité de traitement est constatée. « Il n’y a pas de généralisation : d’une entreprise à l’autre, l’intégration et la protection de l’intégrité des personnes LGBT peuvent varier du tout au tout ; il s’agit de questions de  management, d’éthique  et de culture d’entreprise et, in fine, de personnes ; c’est réellement multifactoriel » indique Dominique Rachex, responsable régional à Genève de Network. « Il reste une trop grande disparité et cette disparité rime avec précarité car elle  rend particulièrement difficile le fait de pouvoir de s’épanouir en sachant que son orientation sexuelle et/ou son identité de genre est différente de la norme environnante. C’est une des raisons qui rend le coming-out encore difficile pour un grand nombre des personnes LGBT car elles savent qu’elles ne pourront pas, au besoin, revenir en arrière. »

Afin de découvrir les visuels qui fleuriront dans Genève du 12 au 28 mai prochains, la Fédération, LWork et Network ont le plaisir de vous convier à la présentation de la campagne dans le cadre d’un apéro-afterwork lundi 12 mai dès 18h à la Brasserie des Halles de l’Ile. La Maire de Genève, Sandrine Salerno, ouvrira la soirée.

Cet apéro-afterwork sera également l’occasion d’annoncer les Assises contre l’homophobie et la transphobie dans le monde du travail, organisées par la Fédération genevoise des associations LGBT, en partenariat avec LWork et Network. Destinée aux entreprises, aux institutions publiques et aux ONGs, ces deux journées de conférence auront lieu les 28 et 29 novembre 2014 à la Haute Ecole de Travail Social. A travers des témoignages, des tables rondes, des ateliers et des plénières, elles ont pour buts de dessiner le quotidien professionnel des personnes LGBT, faire l’état des lieux de l’homophobie et de la transphobie dans le monde du travail et de sensibiliser les entreprises, les ONGs et les institutions publiques à aménager un climat et un lieu de travail ouvert à toutes et à tous.

En prévision des Assises, l’Institut des Etudes Genre de l’Université de Genève, en partenariat avec la Fédération, a lancé début mai 2014 une étude nationale, « Etre LGBT au travail », qui a pour but de récolter des données sur ce que vivent les personnes LGBT sur leur lieu de travail en Suisse, données qui font actuellement défaut. Disponible en français, l’étude sera bientôt traduire en italien, allemand et anglais. Elle est visible sur le lien suivant : http://lgbt-au-travail.questionpro.com.

En présentant des situations banales d’échanges informels entre des collègues, la campagne « Et si moi aussi ? » invite chacune et chacun à s’interroger sur sa propre place, sur la place de la vie privée qui n’est jamais totalement absente du travail et sur les raisons de l’invisibilité des personnes LGBT. Elle invite également les entreprises, les institutions publiques et les ONGs à Genève à instaurer un climat de confiance à tous les échelons de la hiérarchie et à prendre fermement position contre toute discrimination homophobe ou transphobe sur le lieu de travail.

Pour plus d’informations  sur la campagne et sur l’engagement de la Ville de Genève :

http://ville-geneve.ch/17mai