Sortie de « Little Gay Boy » en vidéo

little-gay-boy-03Quand ils parlent de lui, certains utilisent déjà la comparaison avec Derek Jarman : Antony Hickling a réalisét Little Gay Boy, où il suit les pérégrinations de Jean-Christophe (Gaëtan Vettier) , adolescent puis homme, parti dans la vie avec une mère prostituée et un père absent (Manuel Blanc) qui, finalement, fait son apparition.

Né d’une mère prostituée et d’un père absent, J-C., à l’âge adolescent, expérimente sa sexualité et pousse les limites de son identité, jusqu’au jour où il rencontre, finalement, ce père fantasmé. Entre violence crue et rêveries fantasmagoriques, J-C. devra trouver sa voie et se libérer progressivement des démons du passé.

Constitué de trois segments aux titres évocateurs (L’Annonciation (or the conception of a little gay boy), Little Gay Boy Christ is Dead, Holy Thursday (The last supper)), Little Gay Boy est une expression de cinéma libre, farouchement indépendante. Le film reconstitue le calvaire d’un jeune homme, nommé J.C., figure christique centrale d’une gigantesque métaphore religieuse, puisqu’il est né martyr, d’entre les cuisses d’une prostituée obèse, et condamné à la mort (par le sida) et à la résurrection…
Violentée par sa mère incestueuse, ogresse qui souhaiterait le manger tout cru et qui l’utilise comme objet sexuel, outragé dans son travail, devenant l’offrande passive de rites masochistes, il a renoncé à la béatitude pour ne contempler que la dépravation forcée, l’avilissement systématique par les êtres qui devraient le protéger, comme la figure paternelle retrouvée, jouée par Manuel Blanc, qui le convie à un banquet de mariage, le leur… Mourra-t-il pour laver tous nos péchés ?

Moins un authentique film de cinéma qu’une oeuvre artistique farouchement underground, que l’on peut découvrir aujourd’hui en DVD, Little Gay Boy récupère à peu près tous les codes du cinéma gay indépendant de ses pairs… Du trash, jusque dans la mise en scène des actes sexuels dépeints, de l’irrévérence religieuse, une théâtralité excessive, avec reproductions picturales, mises en abîme… L’art (jusqu’aux empreints d’opéra et aux récitations de poèmes) est constamment convoqué pour donner une authenticité à la démarche. Cette facilité lui confère surtout une artificialité aussi agaçante qu’attachante, de par l’implication d’acteurs investis dans une grande mise en scène que n’auraient pas reniée Werner Schroeter (Deux), Pasolini (Théorème), Greenaway (The Baby of Macon) et surtout Derek Jarman auquel on pense également beaucoup, notamment pour Caravaggio et Edward II.