Sortie aujourd’hui de « Free Fall », ou l’histoire d’un carrefour amoureux inattendu pour un policier allemand

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Pour son premier long-métrage, le réalisateur berlinois Stephan Lacant choisit un sujet que l’on croirait singulièrement glissant : l’homosexualité au sein de la police

La vie de Marc est de celle dont on se dit souvent au début d’un film « C’est trop beau pour durer » : une vie sans histoire, qui semble avancer sur des rails. Jeune policier à l’aise dans son métier, il est heureux dans son couple et attend avec impatience l’arrivée de son premier enfant. Mais l’arrivée d’un nouveau collègue, Kay, remet tout en question. Leur complicité prend rapidement un tour passionnel, et voilà Marc figé à un carrefour qu’il n’aurait jamais imaginé atteindre : sur un chemin, Kay, sur l’autre sa femme et son enfant.

Un film LGBT honnête, mais cinématographiquement limité.Hanno Koffler et Max Riemelt dans le film allemand de Stephan Lacant, "Free Fall".

Sélectionné au festival du film gay Chéries-chéris à Paris, en octobre 2013, Free Fall trouve sa place dans nos salles 6 mois plus tard. Le film est honnête dans ses idées d’ouverture, s’amusant à abattre le cliché de la virilité policière, puisque l’on suit ici la romance d’un futur jeune père de famille qui se découvre bisexuel et amoureux d’un nouveau venu au cœur de son unité. Le sujet est évidemment celui de la banalité faite combat, lutte quotidienne pour la reconnaissance et la dignité, alors que le jeune homme doit se battre contre sa conscience et les préjugés au boulot. Lui, l’homo de l’ombre, quand son alter ego romantique est contraint de sortir du placard et quand sa femme attend un enfant…

 aime et fais ce qu'il te plaitAussi sincère soit-il, Free Fall ne parvient pas à exprimer ses troubles et ses souffrances jusqu’à produire de l’empathie du spectateur. Même semi-échec dans l’exaltation romantico-sexuelle… La pudeur n’explique pas tout. C’est toute une démarche artistique qui manque à ce film estampillé LGBT qui aime abuser de la métaphore de la course, à l’image d’une autre production (polonaise cette fois-ci) sortie en janvier de la même année, Aime et fais ce qui te plaît. Sur un sujet assez identique, le refoulement et la frustration, la montée des passions interdites entre hommes (cette fois-ci entre un représentant de Dieu et un jeune paumé du village), ce dernier habillait son discours de vraies images de cinéma qui font un peu défaut à Free Fall