« Paroles de liberté » – Christaine Taubira revient sur les violentes attaques qu’elles a reçues de la part de la « Manif pour tous »

Taubira paroles de liberte« C’est pour qui la banane ? C’est pour la Guenon ! » C’est par  l’interpellation d’une fillette à son endroit lors d’une manifestation  anti-mariage gay que la ministre de la Justice débute l’ouvrage « Paroles de  liberté », à paraître aujourd’hui, qu’elle dit avoir écrit au pas de charge durant  une poignée de nuits.

Silencieuse dans la tourmente, elle a pris le temps de la réflexion pour  répondre aux attaques et tenter de faire réfléchir à un phénomène qui,  dit-elle, mine « le pacte républicain ».

Dédiant son livre aux « Madiba » (surnom de Mandela) du XXIe siècle », elle  commence par dénoncer « ceux qui se nomment les anti-mariages et sont en  réalité des antidémocrates » ou « le mazout de la haine et de la vulgarité » qui  s’est répandu à son encontre sur les réseaux sociaux avec « la lâcheté flasque  de l’anonymat ».

« Aurais-je quelque chose à leur dire ? Rien. En prétendant m’expulser de la  famille humaine, ils se sont exclus de toute conversation, se sont interdits à  mon univers », tranche la garde des sceaux qui choisit de s’adresser un autre  public : celui des « victimes muselées », des « silencieux qui s’habituent à  laisser défigurer l’idée même de ce qu’est la France » ou « aux inquiets qui,  faute de perspective, s’accommodent de piètres exutoires ».

Non, rappelle-t-elle, la race n’a « ni matérialité biologique, ni vérité  anthropologique, ni fondement culturel ». Dans des passages plus personnels,  elle évoque sa propre confrontation au racisme dans son enfance où il « s’était  paré des atours de la discrimination sociale », durant ses études  universitaires, dans sa vie quotidienne et son combat politique.  « Souffre-t-on d’être traitée de « guenon » ? « Cela dépend sans doute de la  sensibilité », dit-elle.

Elle évoque cependant « l’intensité de la brûlure  qu’inflige la blessure percée à vif par la parole raciste » et parle aussi du  langage « zoologique » de « domination absolue » du colon au colonisé qui consiste  à le priver de langage, par référence à l’animal. Vient ensuite un long passage sur les valeurs de la République héritées du  siècle des Lumières et l’impérieuse nécessité de se battre pour elles.

« Nous devons mener bataille sur tous les fronts, reconquérir les champs  sémantiques, culturels et politiques », dit-elle.  Dans un dernier passage, elle évoque sans le nommer le polémiste Dieudonné  décrit comme « un sinistre sbire, à la fois hystérique et paranoïaque ». « Il  faudra continuer à lui infliger sanctions judiciaires et pécuniaires, lui  intimer le respect, le faire capituler ».

« Paroles de liberté », Flammarion, 139 pages, 12 euros

Source . AFP