La nouvelle constitution tunisienne oublie les homosexuel-le-s

tunisieÀ Tunis, les amours entre personnes du même sexe sont accueillies avec un sentiment de gêne. Et dans la nouvelle Constitution, c’est silence radio.

Les homosexuels tunisiens sont les grands oubliés de la nouvelle Constitution. Certes, le texte, adopté le 26 janvier, élargit les libertés individuelles. Mais les élus de l’Assemblée nationale constituante (ANC), craignant de légitimer le mariage homosexuel, ont imposé la référence à la famille stricto sensu (l’union d’un homme et d’une femme) dans la loi fondamentale. Lors de la campagne électorale de 2011, pourtant, les islamistes d’Ennahdha avaient ouvert une brèche en proposant d’examiner le problème de la « dignité » de ces « personnes dévalorisées », dont ils promettaient de respecter les droits.

Mais ces promesses électorales n’ont pas connu de suite. Mis au banc de la société, les homosexuels encourent toujours une peine de trois ans de prison, selon l’article 230 du code pénal promulgué en 1913 – il y a plus d’un siècle. Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies avait pourtant recommandé à la Tunisie la dépénalisation des relations entre personnes de même sexe en 2012.

Ces citoyens-là devraient se faire soigner. (Samir Dilou, ex-ministre des Droits de l’Homme)

Désormais, la position d’Ennahdha est sans ambiguïté. « Il n’est pas question que la perversion sexuelle soit un droit humain, a tranché Samir Dilou, ex-ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, membre du bureau politique du parti islamiste, en février 2012. Ces personnes devraient se faire soigner. Ce sont des citoyens, mais ils doivent respecter les lignes rouges fixées par notre religion, notre héritage et notre civilisation. » Une sortie qui illustre le conservatisme ambiant.