Chypre Nord : la dernière loi d’Europe criminalisant l’homosexualité abolie

cyprus flagLe Parlement de la République turque de Chypre Nord a voté lundi un projet de loi décriminalisant les relations homosexuelles, jusque-là passibles d’une peine de cinq ans prison. C’était le dernier territoire d’Europe interdisant les rapports homosexuels. Depuis ce lundi 27 janvier, l’homosexualité n’est plus un crime dans l’ensemble de l’Europe.

Le Parlement de la République turque de Chypre Nord (RTCN), l’entité du nord de l’île de Chypre reconnue par la seule Turquie, a voté lundi un projet de loi décriminalisant les relations homosexuelles.

Autorisée en Turquie comme dans la République de Chypre, l’homosexualité restait interdite en RTCN, pays à grande majorité musulmane, où les relations de même sexe étaient considérés comme un crime par une loi qui les décrivait comme des « rapports contre-nature ».

Cette loi de 1929, héritage de l’empire colonial britannique, n’était pas uniquement théorique. Ces trois dernières années, trois cas ont défrayé la chronique. A chaque fois, des hommes arrêtés dans des domiciles privés et reconnus coupables, selon la justice, de « relations contre nature ».

Des personnes ont même été arrêtées puis relaxées mais leurs photos et leurs noms ont été publiés dans les médias locaux. Lundi, à l’heure du vote, quelques manifestants sont venus dire leur colère, craignant, selon leurs dires, que l’homosexualité soit enseignée à l’école.

Les débats parlementaires ont été très rudes entre d’un côté les partisans d’un changement radical de la loi, gauche au pouvoir et défenseurs des droits de l’homme, et de l’autre les partis conservateurs et les partis musulmans.

Les militants homosexuels saluent ce premier pas mais craignent qu’il ne faille encore beaucoup de temps pour changer les mentalités.

Pourquoi maintenant ?

Cette abolition intervient maintenant d’abord en raison de pressions extérieures comme les visites répétées de parlementaires européens venus dénoncer la criminalisation de l’homosexualité. Des procédures étaient en cours devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Ensuite, simplement pour se conformer aux règles européennes, un plus dans les négociations de réunification à l’heure où Chypre-Nord réclame une plus grande indépendance et la levée de l’embargo dû à l’occupation militaire turque. Un message politique fort donc, mêlé à une volonté affichée de respect des droits humains les plus fondamentaux. Voilà certainement ce qui a poussé 28 députés, sur les 50 que compte Chypre-Nord, à voter en faveur du nouveau texte.

Sans oublier le fait que Chypre-Nord fait face à de graves difficultés économiques alourdies par l’effondrement récent de la monnaie locale, la livre turque. Et l’un des moteurs économiques reste le tourisme, qui faisait les frais de cette discrimination.