VIH/Sida : l’OMS demande un traitement antirétroviral plus précoce

Un traitement antirétroviral plus précoce, plus sûr et plus simple peut entraîner un déclin irréversible de l’épidémie.

Les nouvelles recommandations thérapeutiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) concernant le VIH recommandent de proposer le traitement antirétroviral (TAR) à un stade plus précoce. Des éléments récents indiquent qu’un TAR administré plus précocement aide les personnes vivant avec le VIH à vivre plus longtemps et en meilleure santé et réduit substantiellement le risque de transmettre ce virus à d’autres personnes. Cette nouvelle approche pourrait éviter 3 millions de décès et prévenir 3,5 millions de nouvelles infections par le VIH entre aujourd’hui et 2035.

Ces nouvelles recommandations encouragent tous les pays à mettre en route le traitement chez les adultes vivant avec le VIH dès que le nombre des CD4 devient inférieur à 500 CD4/mm3 ou moins – c’est-à-dire lorsque leur système immunitaire est encore fort. Les précédentes recommandations de l’OMS, datant de 2010, incitaient à proposer le traitement au stade de 350 CD4/mm3 ou moins. 90 % des pays avaient adopté les recommandations de 2010. Quelques autres, dont l’Algérie, l’Argentine et le Brésil, proposaient déjà le TAR au seuil de 500  CD4/mm3. L’OMS rappelle qu’il fonde ses recommandations sur des « éléments prouvant que traiter plus précocement les personnes porteuses du VIH avec des médicaments sûrs, abordables et faciles à gérer peut à la fois les maintenir en bonne santé et abaisser leur charge virale, ce qui réduit le risque de transmettre le virus à une autre personne ». Autrement dit, « si les pays peuvent intégrer ces changements dans leur politique nationale concernant le VIH et les appuyer avec les moyens nécessaires [notamment financiers, ndlr], ils observeront des bénéfices sanitaires importants tant en termes de santé publique qu’à l’échelle individuelle ».

Les nouvelles recommandations de l’OMS « prévoient aussi de fournir un traitement antirétroviral, indépendamment du nombre de leurs CD4, à tous les enfants vivant avec le VIH de moins de 5 ans, à toutes les femmes enceintes ou celles qui allaitent vivant avec le VIH et à tous les partenaires séropositifs pour le VIH lorsque l’un des partenaires n’est pas infecté [couples sérodifférents] ». L’Organisation continue de « recommander que toutes les personnes vivant avec le VIH et atteintes d’une tuberculose évolutive ou d’une hépatite B au stade maladie reçoivent le traitement antirétroviral. » Une autre des nouvelles recommandations préconise de prescrire à tous les adultes débutant un TAR la même pilule quotidienne unique renfermant une association de médicaments en doses fixes. Le traitement de référence indiqué par l’OMS est ténofovir et lamivudine (ou emtricitabine) et efavirenz, sous forme de pilule unique, administrée une fois par jour.

« Cette association est plus facile à prendre et plus sûre que d’autres associations précédemment recommandées et peut être utilisée chez l’adulte, la femme enceinte, l’adolescent et le grand enfant », précise l’OMS. « De tels progrès permettent aux enfants et aux femmes enceintes d’accéder au traitement plus tôt et dans des conditions plus sûres et nous rapprochent de notre objectif d’une génération sans sida », explique, de son côté, le directeur exécutif de l’UNICEF, Anthony Lake.

L’OMS « encourage (…) les pays à améliorer les modes de délivrance des services liés au VIH, par exemple en les liant plus étroitement à d’autres services de santé tels que ceux relatifs à la tuberculose, à la santé de la mère et de l’enfant, à la santé sexuelle et génésique [qui se rapporte à la reproduction, ndlr] et au traitement de la dépendance aux drogues ». Les nouvelles recommandations de l’OMS arrivent « vraiment en temps utile compte tenu des progrès rapides que nous avons réalisés dans l’expansion des programmes de prévention et de traitement », déclare Dr Mark Dybul, directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida. « C’est un exemple de la façon dont le Fonds mondial et l’OMS collaborent pour appuyer les pays dans la progression vers l’élimination du VIH en tant que menace pour la santé publique », ajoute-t-il.

Consolidated guidelines on the use of antiretroviral drugs for treating and preventing HIV infection