SOS Homophobie personna non grata dans les écoles françaises ?

Le 23 novembre 2013, après une plainte de plusieurs associations catholiques, le Tribunal administratif de Paris a annulé l’agrément «Education nationale » de cinq ans accordé à SOS Homophobie en 2009 par le ministère de l’éducation nationale

Fin 2009, au nom de la neutralité, la Confédération nationale des associations des familles catholiques a attaqué l’agrément national accordé la même année à SOS homophobie à titre d’association complémentaire de l’enseignement public. A l’issue de cette démarche, le tribunal administratif de Paris a ce 23 novembre annulé l’agrément délivré par le Ministère de l’Education nationale.

Où doit s’arrêter la sensibilisation aux discriminations et où doit commencer la neutralité de l’enseignement?

SOS homophobie réagit : « Cette procédure semble paradoxale de la part d’une confédération qui soutient  l’opportunité et la nécessité de lutter contre l’homophobie et la biphobie alors qu’elle a préféré intenter une action ayant pour objet d’entraver une action de prévention plutôt que de dialoguer. SOS homophobie dénonce l’indécence hypocrite de cette organisation : on ne peut pas prôner la lutte contre l’homophobie et entraver dans le même temps sa prévention.
De cette action, les seules gagnantes sont bien la lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie.
Pendant que certain-e-s, qui n’en sont pas à leur coup d’essai, s’escriment à faire annuler cet agrément de l’Education nationale, SOS homophobie a relevé 72 témoignages d’homophobie en milieu scolaire en 2011.
Pendant que certain-e-s veillent au principe de neutralité, SOS homophobie rappelle qu’en décembre 2011, l’Institut National de Veille Sanitaire  a confirmé le surrisque de tentative de suicide chez les adolescent-e-s homosexuel-le-s en so ulignant l’homophobie qu’ils et elles subissent au quotidien comme facteur de risque.
Chacun ses priorités. »

SOS Homophobie mène depuis 2009 une mission de sensibilisation dans les collèges et les lycées.  La CNAFC, ainsi que plusieurs fédérations catholiques saisies «par des parents gênés par le contenu du module de sensibilisation» utilisé par SOS Homophobie dans les classes, avaient engagé une démarche contentieuse le 30 octobre 2009. Le Tribunal a notamment considéré que les scénarios «Le proviseur homophobe» ou encore «La mère homophobe», destiné à faire réfléchir les élèves, étaient «insuffisamment nuancés» et qu’ils portaient atteinte au «principe de neutralité qui s’impose aux associations qui interviennent dans l’enseignement public», selon la CNAFC.

L’une des priorités de SOS homophobie est de sensibiliser chaque année des milliers d’élèves sur les violences et discriminations commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. En 2011-2012, SOS homophobie a réalisé ces actions de prévention auprès de plus de 12 000 élèves.
Une autre priorité des bénévoles de SOS homophobie en intervenant dans l’enseignement public est de rappeler le cadre laïc et républicain de notre société, tout en s’efforçant de respecter la neutralité vis-à-vis des convictions religieuses ou politiques de chacun-e.
Dans ce cadre, demander le respect vis-à-vis de tou-te-s quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre ne saurait être considéré comme un point de vue manquant de neutralité.

« En cette période tumultueuse où les paroles d’exclusion sont légion, dans un climat terriblement hostile à l’égalité des droits entre personnes hétérosexuelles, bisexuelles et homosexuelles, dans un cette décision tombe mal et semble donner raison aux homophobes.
Nous ne l’acceptons pas. Aussi, bien que nous puissions intervenir en milieu scolaire sans cet agrément et, puisque ce dernier a été annulé – sans que soit remis en cause la qualité et l’intérêt sociétal du travail réalisé depuis des années – nous engageons avec le ministère de l’Education Nationale un travail visant à résoudre ce problème. SOS homophobie est plus que jamais décidé à demander un nouvel agrément. », conclut Elisabeth Ronzier, présidente de SOS homophobie.