« Je suis le jeune homme au pantalon rose, du moins, j’aurais pu l’être. »

Il s’appelait Andrea  Il avait 15 ans. Mardi dernier, il est rentré chez lui et il s’est pendu avec son écharpe. Sa « faute » principale: porter un pantalon rose et se mettre du vernis sur les ongles

Ses camarades de lycée l’appelait « le garçon au pantalon rose ». Depuis plus d’un an, ils le harcelaient notamment à travers une page Facebook où ils le dénigraient quotidiennement au sujet de son look, avec photos, commentaires et révélation de données privées (nom et adresse).

Juste un nom de plus sur la liste longue des adolescent-e-s qui se suicident en raison de leur orientation sexuelle différente. Nous le savons tous :  les garçons homosexuels présentent un risque quatre à sept fois supérieur de tenter de se suicider comparativement à leurs camarades hétérosexuels, tandis que les filles homosexuelles présentent un risque supérieur de 40 % par rapport aux jeunes hétérosexuelles. Allons-nous nous contenter longtemps encore de seulement rappeler ces statistiques scandaleuses !

Lorsque un jeune homme de quinze ans se tue parce qu’il est victime d’actes et injures homophobes,  toute connivence, toute sorte d’omerta, toute omission de réforme législative est une complicité délictueuse.
Des lois anti-discrimination considérant  la violence ou la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle comme une cause aggravante doivent être votées dans tous les pays qui n’en possèdent pas encore , dont la Suisse.
A défaut, le mépris homophobe, même public, aura  libre jeu, pratiquement sans sanction aucune, sauf la mort injuste et inutile d’autres adolescent-e-s.

Pour rappel : la semaine dernière, un demandeur d’asile gay d’origine russe a été retrouvé mort dans un centre de rétention suisse. Pour Amnesty, les droits de ce Russe de 28 ans ont été bafoués.

Voilà deux réactions reçues à Dialogai suite à ces deux évènements :

« Oleg, en détention à Kloten en attendant son expulsion vers sa patrie, la Russie dans laquelle il était discriminé voire persécuté à cause de son homosexualité, a mis fin à ses jours. Il avait 28 ans…
Je suis indigné, en tant Helvète, qu’un si jeune être puisse se trouver dans pareille impasse, sans autre issue que la mort
Je suis un citoyen en colère à cause de nos procédures d’asile helvétiques de jour en jour plus aveugles et chroniquement impuissantes à voir dans le cœur des gens…
Indignation, colère, que puis-je faire de plus pour la mémoire d’Oleg sinon y ajouter une incommensurable tristesse, car n’est-ce pas un gâchis suprême de ne connaître jamais cet élan du cœur partagé vers l’amour entre deux être de même sexe, une vie aimante sous un même toit avec une activité sociale, culturelle et professionnelle à visage découvert
. » (Jean-Pierre)

« Je suis le jeune homme au pantalon rose; du moins, j’aurais pu l’être.
A l’école primaire, au collège puis au lycée, presque tout le monde se moquait de moi. Et personne ne se doutait de me faire violence. Fort heureusement, tout en en souffrant, je ne comprenais pas non plus qu’il s’agissait bel et bien de violence.
Je ne sais pas quelle forme d’inconscience, de naïveté, de candeur, d’ignorance, m’a permis de résister à la succession continuelle et monotone des injures. Ce que je sais, c’est que celui qui était plus sensible que moi a payé le prix le plus élevé
. » (Andrea)