France – Recrudescence des agressions homophobes

Depuis quelques semaines, les agressions à caractère homophobe ne cessent de prendre de l’ampleur et connaissent une véritable vague de recrudescence.

Dans l’indifférence quasi-générale. La loi sur le mariage pour tous a été votée et promulguée depuis presque un an et les médias ne semblent plus se soucier de ces violences physiques ou verbales qui empoisonnent la vie de nombreuses personnes homosexuelles. Des agressions en hausse de 50 %, selon SOS homophobie. Une situation particulièrement inquiétante.

Des agressions homophobes en province et à Paris

homophobie

Lundi 3 mars, deux jeunes gays qui se tenaient par la main ont été agressés dans le métro de Lille. L’un deux témoigne :  « Un individu est venu nous demander si on était gays, si on allait se marier. Puis il a commencé à nous forcer à nous embrasser […] Ils étaient cinq. Ils ont commencé à nous frapper. J’ai été saisi par le cou, violemment et plaqué contre la barre centrale du métro. Mon copain s’est fait tabasser au sol, à coup de pieds et de poings, partout. »

Une manifestation contre les agressions homophobes a été organisée, quelques jours plus tard : « Depuis la loi votée pour le mariage pour tous, ce grand pas en avant, nous sommes dans une période encore plus réactionnaire. C’est un climat tendu, dangereux. On n’est pas rassuré […] C’est presque devenu banal d’agresser les homosexuels », a déclaré Franck Danvers, président de LGP (Lesbian & Gay Pride) de Lille.

Lundi dernier, deux autres homosexuels ont été agressés à Paris, près de la tour Montparnasse, alors qu’ils attendaient le bus, enlacés. L’un d’entre eux a failli perdre un œil. L’auteur des faits a été arrêté. Il s’agit d’un catholique versaillais, âgé de 24 ans, qui prétend ne pas être homophobe mais qui n’a pas supporté que les deux hommes « s’exhibent ». Une défense bien maladroite et peu convaincante…

Vendredi soir, un chauffeur de bus du réseau nancéien Stan, a aspergé d’eau deux lesbiennes qui s’embrassaient avant que leur chemin ne se sépare. L’adolescente trempée et humiliée, âgée de 16 ans, qui est montée dans le bus a demandé des explications au chauffeur sur les raisons de son geste surprenant. Après un long moment de silence, Il a déclaré « être contre l’homosexualité ». Samedi, l’agent de conduite a reconnu les faits et a été mis à pied par son employeur.

Et ce ne sont que quelques cas parmi tant d’autres. À qui doit-on ce climat délétère, cette montée d’agressions homophobes ? Nul doute que les mouvements d’opposition au mariage pour tous ont une large responsabilité dans cette escalade de haine que la République ne peut pas tolérer.

Les mouvements anti-mariage gay ont leur part de responsabilité.

Lors de son passage dans l’émission « On n’est pas couché » le samedi 8 mars, sur France 2, Frigide Barjot, l’ex-égérie de la Manif pour tous, a d’ailleurs affirmé avoir pris conscience d’avoir libéré la parole homophobe en montant son mouvement contre l’égalité des droits pour les couples de même sexe. Une prise de conscience beaucoup trop tardive. Le mal est déjà fait. Les conséquences sont lourdes.

Dans un communiqué de presse publié sur son site internet, vendredi, l’Inter-LGBT déclare : « La responsabilité de ce climat délétère incombe directement aux mouvements réactionnaires opposés au « mariage pour tous » qui ont contribué à banaliser la parole homophobe en France. Aussi, nous souhaitons que la responsabilité des leaders de ces mouvements soit publiquement affirmée et que des poursuites soient enfin engagées à l’encontre de ces groupuscules qui, à la faveur d’une surexposition médiatique incompréhensible, tentent d’ériger la haine de l’autre en opinion acceptable. »

Dans plusieurs cas, les personnes homosexuelles qui ont été agressées ont eu des gestes d’affection entre elles. Comme n’importe quel autre couple. Et c’est leur droit le plus strict. Deux hommes ou deux femmes qui se tiennent par la main ou qui s’embrassent dans la rue, ça dérange quelques esprits limités ? Nous sommes pourtant en 2014, non ?

Il est grand temps que les pouvoirs publics prennent conscience de cette montée particulièrement inquiétante de l’homophobie. Une homophobie presque ordinaire. Il est grand temps qu’ils prennent enfin des mesures sévères à l’encontre de ces mouvements réactionnaires qui, par leurs actions et leurs discours, contribuent à amplifier ce climat de haine. Leurs responsables doivent répondre de leurs actes devant la justice. Il faut mettre fin à cette escalade de violence verbale et physique dont sont trop souvent victimes les personnes homosexuelles. La République se doit de protéger tous ses citoyens. Sans exception.

Les responsables de cette haine doivent répondre de leurs actes.

Source :  (www.leplus.nouvelobs.com)