Homosexualité : le pape François appelle à la « miséricorde » pour tous !

PAPESix mois après le début de son pontificat, le pape François a livré sa première interview, publiée la semaine dernière dans la revue des jésuites « Civiltà Cattolica ». Un entretien dans lequel il appelle à la « miséricorde » pour les homosexuels, les divorcés et les femmes ayant avorté. Des propos diversement accueillis par les associations féministes et LGBT.

«L’Église ne doit pas être une « petite chapelle » focalisée sur sa doctrine», a estimé le pape François dans ce premier entretien depuis le début de son pontificat il y a six mois. Il a appelé à « accompagner » les homosexuels (et les divorcés, et les femmes qui ont avorté) dans la « miséricorde ». « Lors de mon vol de retour de Rio de Janeiro, j’ai dit que, si une personne homosexuelle est de bonne volonté et qu’elle est en recherche de Dieu, je ne suis personne pour la juger. Disant cela, j’ai dit ce que dit le catéchisme ». Voir l’interview de Patrick Sanguinetti, président et porte-parole de l’association David et Jonathan, mouvement homosexuel chrétien à ce sujet.

Nicolas Gougain, porte-parole de l’Inter LGBT a pour sa part noté « une inflexion, un changement de cap » mais selon lui « il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que chacun se respecte » : « Accompagner les homosexuels ça veut dire quoi ? Les accompagner vers le célibat ? », s’est-il interrogé. « J’espère quand même que cette parole portera pour marquer les esprits, parce qu’on a quand même passé une année difficile avec une parole homophobe qui s’est libérée ».

Le pape s’est aussi exprimé sur l’avortement appelant les « confesseurs » au « pardon ». Un discours en rupture avec celui de ses prédécesseurs mais qui n’a pas suffi à convaincre les associations féministes. Pour Julie Muret, porte-parole d’ Osez le féminisme, le pape tient toujours « un discours conservateur et réactionnaire … La miséricorde du pape n’a pas lieu d’être dans un fait sociétal ». Pour Fatima-Ezzahra Benomar, secrétaire générale de l’association Les EfFRONTé-e-s, il ne s’agit que « d’un petit mieux quand le discours reste réactionnaire en général » car « les femmes n’ont pas à regretter » un avortement. Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning familial considère pour sa part que le message porté par le pape « infantilise les femmes plus qu’il ne marque une ouverture ». Seule l’association Ni putes ni soumises y voit des déclarations « timides » mais qui vont « dans le bon sens » même si pour la porte-parole du mouvement « l’Église a encore beaucoup de chemin à faire ».Dès le lendemain de la publication de cette interview, le pape a d’ailleurs changé de ton sur la question de l’avortement. Alors qu’il recevait une centaine de gynécologues catholiques au Vatican, il a en effet condamné fermement toute forme d’avortement.

Le pape François semble essayer de faire bouger l’Église catholique sur la question de l’homosexualité et sur d’autres sujets de société. Il adopte un discours plus humain, plus nuancé. Sa sincérité semble réelle, mais arrivera-t-il , même avec toute la meilleure volonté du monde, à surmonter les nombreux obstacles de la tradition, de la politique et du pouvoir.