En France, 30.000 personnes ignorent qu’ils sont séropositifs au VIH

 Actuellement en France, 30 000 personnes ignorent leur séropositivité au VIH. Une véritable « épidémie cachée », selon l’Agence nationale de Recherche sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS).

« Sur les 150 000 personnes qui vivent actuellement avec le VIH en France, environ 20% ne savent pas qu’elles sont infectées » estiment les auteurs..

Parmi les personnes séropositives ignorant leur condition, « les deux tiers sont des hommes…et  59% devraient dès à présent recevoir un traitement contre le VIH ». Sans antirétroviraux, ces personnes risquent de développer le SIDA.

 Infectées sans le savoir, elles constituent le «réservoir caché» de l’épidémie de sida  et deviennent des vecteurs inconscients de la maladie. «Alors qu’elles ne représentent que 20 % des personnes porteuses du VIH, on estime que les personnes infectées mais non dépistées sont à l’origine de 60 % des contaminations chaque année»

 «Pour ces personnes, l’ignorance de leur statut virologique constitue une énorme perte de chance: une prise en charge précoce permet d’éviter des complications de l’infection et de prévenir son évolution vers le stade sida», souligne Antoine Henry, porte-parole de l’association Aides.

Grâce aux progrès de l’arsenal thérapeutique, un patient traité dans les semaines qui suivent son infection a aujourd’hui une espérance de vie proche de celle de la population générale, tout en conservant une bonne qualité de vie.

 L’étude de l’Inserm montre que 70 % des personnes contaminées sans le savoir ont été infectées depuis plus d’un an et que 16 % vivent avec le VIH depuis plus de cinq ans.

En France, le délai entre l’infection par le virus et sa découverte est de trente-sept mois en moyenne chez les homosexuels et de plus de quatre ans chez les hétérosexuels. Et ce retard au diagnostic ne s’améliore pas au fil des années, malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour systématiser le repérage.

 «Au-delà de l’intérêt pour la santé individuelle des personnes atteintes, le dépistage précoce est un enjeu collectif majeur en termes de prévention et de contrôle de l’épidémie», a rappelé le Conseil national du sida dans un rapport publié le 22 mars. Les personnes qui sont informées de leur séropositivité protègent en effet leur partenaire et limitent les comportements à risque. On sait aussi désormais que le traitement antirétroviral réduit très fortement le risque de transmission sexuelle.

 Selon Antoine Henry , «dépister et traiter tous les séropositifs qui s’ignorent signerait la fin de l’épidémie en deux ou trois décennies». C’est avec cet objectif que l’association demande une sensibilisation des Français à l’intérêt d’un dépistage très régulier.

Cette étude met en lumière l’intérêt de favoriser l’accès au dépistage par tous les moyens possibles et de multiplier les occasions de connaître son statut sérologique. « L’avis favorable donné récemment par le ministère de la Santé à la mise à disposition d’autotests de dépistage du VIH s’inscrit dans cette nécessité d’élargir les occasions de dépistage, en complément des dispositifs existants », se réjouit l’ANRS.