Du bon usage de l’auto-test salivaire de dépistage du VIH selon Dialogai

Au vu de l’imminente mise en vente sur le marché français d’auto-tests salivaires (tests que l’on peut faire soi-même à partir d’un échantillon de salive) pour le dépistage du VIH et de la possibilité d’acheter de tels tests sur Internet, Dialogai tient à préciser sa position quant à la commercialisation et à l’usage de ces tests en Suisse.

Dialogai est favorable à la levée de l’interdiction de l’auto-test salivaire du VIH en Suisse. Cependant, dans le but d’assurer que le dépistage ait lieu dans des circonstances optimales, Dialogai continue de penser que les services proposant un test accompagné de conseils (VCT) demeurent la meilleure voie d’accès à la connaissance de son statut sérologique.

Pour ce qui est de la levée de l’interdiction de l’auto-test salivaire, les considérations suivantes ont guidé cette prise de position :

  • Des auto-tests salivaires fiables et bon marché, validés par plusieurs autorités sanitaires internationalement accréditées sont à présent disponibles ;
  • La vente de ces auto-tests dans des pharmacies proches de la frontière et sur plusieurs sites Internet rend irréaliste et dépassée toute intention d’interdiction.
  • La mise en place d’un cadre réglementaire approprié (exigences d’homologation des auto-tests, indication claire des conditions d’usage, information sur la validité du résultat, indication claire des structures de conseil présentes dans tout le territoire national.) et d’offres complémentaires adéquates d’information, de conseil, et de suivi (création de centrales d’appel en mesure de répondre en continu aux demandes des usagers) est une réponse plus adéquate;
  • L’homologation en Suisse d’auto-tests salivaires certifiés permettra aussi d’utiliser ces test moins intrusifs dans nos VCT ;

Dans la mesure où l’auto-test salivaire ne représente pas un danger pour l’intégrité physique de l’usager, Dialogai considère qu’il revient au libre arbitre d’une personne adulte de décider de la manière d’obtenir des indications concernant son état de santé et fait sienne la considération du Conseil national du sida français selon laquelle « les auto-test constituent une opportunité pour répondre aux enjeux d’augmentation du dépistage et d’amélioration de sa précocité ».

Pour ce qui est de la préférence pour le dépistage dans le cadre d’un VCT, les considérations suivantes ont guidé cette prise de position :

  • une consultation VCT permet d’assurer une information complète et adaptée aux besoins individuels et, en cas de test « réactif », une prise en charge et un suivi sanitaire et psychologique immédiats ;
  • une consultation VCT est l’occasion de proposer un bilan de santé global : diagnostic d’autres IST, repérage de problèmes de dépression et d’addictions. etc ;
  • une consultation VCT est une opportunité pour faire le point avec le patient par rapport à ses pratiques sexuelles et lui  apporter des conseils et messages de prévention ciblés et, de ce fait, plus efficaces.

Face à cette nouvelle situation, Dialogai estime même opportun d’élargir la palette de prestations des centres VCT pour pouvoir assurer le suivi des usagers ayant recours à l’auto-test.

Toutes ces raisons font que les consultations VCT restent, dans une perspective de santé publique, une offre de services de santé dont le bénéfice, pour leurs usagers, reste sans commune mesure avec celui des indications fournies par un auto-test. Toutefois, elles n’entament en rien les avantages propres de l’auto-test, qui doit être considéré comme un outil complémentaire utile, surtout vis-à-vis de certaines catégories d’usagers autrement difficilement atteignables.