Papas poules et fiers de l’être

D’Elton John à Marc-Olivier Fogiel, ils affichent leur paternité sans tabou, malgré les difficultés et les obstacles.

Jusque dans les années 1980, acteurs et chanteurs cachaient leur homosexualité de peur d’être montrés du doigt, catalogués et mis sur la touche. Aujourd’hui, en avance sur la société, installés en couple, ils affichent ouvertement leur paternité et disent leur bonheur. Une médiatisation qui fait tomber un tabou. «C’est définitivement un progrès, car cela permet de banaliser le phénomène et aide à le faire accepter, souligne Mister Suisse romande Raphaël Millius. C’est toujours le regard des autres, de la société, qui est le plus difficile à assumer lorsqu’on est homosexuel. Au fond, ce phénomène n’a rien d’une mode. Ce sont bien deux hommes, ou deux femmes, qui ont envie de donner de l’amour à un enfant.»

Ouvertement gay, le jeune homme aimerait devenir papa un jour. «La difficulté est de savoir avec qui faire son enfant et surtout comment. Si vous êtes gay, cela peut vite devenir une course d’obstacles, comme dans le cas de l’adoption.»

Papas, pas à pas

Un écueil pour Sir Elton John, qui n’a pas pu adopter un petit orphelin ukrainien en 2009. Motif du refus: lui et son époux étaient homosexuels. Alors, avec David Furnish, il a choisi la fécondation in vitro. Le couple a accueilli le petit Zachary Jackson, né d’une mère porteuse, le 25 décembre 2010. De son côté, le chanteur latino Ricky Martin y est allé progressivement. Il a d’abord fait son coming out sur son site, puis a eu recours à une mère porteuse, qui lui a donné deux garçons, et il souhaite désormais adopter une fille.

Autre cas de figure, celui du chanteur Rufus Wainwright, fils de deux chanteurs américains illustres, il est fiancé à Jorn Weisbrodt et il est le père d’une petite Viva Katherine, née par fécondation in vitro. Mais il n’élève pas l’enfant. C’est la maman, Lorca Cohen, qui s’en charge. Elle n’est autre que la fille de Leonard Cohen.

Conscients d’être des figures de proue, chacun d’entre eux fait part de ses sentiments comme de ses interrogations. Elton John a des craintes pour son fils, notamment qu’il soit harcelé à l’école à cause de ses parents. «On va lui demander pourquoi il n’a pas de maman», souligne Elton John, qui ne cache pas ses espoirs de voir grandir son fils dans une Angleterre qui ne soit pas homophobe et dans laquelle le mot «gay» ne soit plus une insulte. «Cette Angleterre n’existe pas encore», écrit-il dans une lettre ouverte parue l’an dernier dans The Guardian. Il veut aussi expliquer à son fils pourquoi il a deux papas.

Idem pour Ricky Martin: «Le jour où Matteo et Valentino me demanderont pourquoi ils n’ont pas de mère, je leur expliquerai que chaque famille est unique, souligne l’interprète de «Un, dos, tres, Maria». En ce moment, mes fils ont un père, qui joue à la fois le rôle du père et de la mère avec deux enfants, et c’est ce qui rend notre famille unique. Et c’est merveilleux d’être unique!» Il avait fait une mise au point dans les colonnes du magazine Vanity Fair après avoir essuyé des critiques suite à la naissance de ses jumeaux: «Je n’ai pas loué un utérus. Cette expression est utilisée par les fondamentalistes. Je donnerais ma vie pour la femme qui m’a aidé à mettre mes fils au monde.»

En France, les personnalités sont encore frileuses à déclarer leur homoparentalité et, lorsqu’elles ont un enfant, elles sont moins démonstratives que les Anglais ou les Américains, comme le comédien Neil Patrick Harris – qui joue un hétéro dans «How I Met Your Mother» – et son compagnon David Burtka, qui partagent leurs joies avec leur million de followers sur Twitter.

Seul Français, Marc-Olivier Fogiel s’est confié dans Gala. «Il n’y a pas un jour où ma fille ne me bouleverse», dit-il à propos de Mila et d’ajouter: «Je suis un jeune père épanoui, apaisé.» (Le Matin)