Requiem pour un K

La messe est dite pour le K-36. Le mini-club genevois ferme ses portes ce week-end aux pauvres pécheurs que nous sommes. Pas de quoi tendre l’autre joue au voisinage… (Article 360)

Ce n’est pas Pâques, mais qu’importe. Celui que d’aucuns considéraient comme le messie des nuits LGBT genevoise est mort! Le K-36 vivra sa dernière soirée le samedi 1er septembre, avant de succomber sur l’autel d’un voisinage qui s’est cru à la campagne… en pleine ville. Les bonnes nouvelles dans tout ça – eh oui il y en a quand même, c’est que les braves clients que nous sommes (étions) n’auront plus à faire face à l’agressivité disproportionnée de certains riverains qui ont élevé la violence verbale et/ou physique en art de vivre. Priez pour eux, pauvres pécheurs! Nous n’aurons plus non plus à subir les déjections malodorantes de certains, qui n’ont de supérieur que le nombre d’étages qui les séparent du parterre de notre bientôt regretté K. Pardonnez leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!

«Aimez-vous les uns les autres» disait encore vous savez qui. Et bien sur ce coup-là, force est de constater que c’est raté. Si les bonnes nouvelles liées à cette fermeture se comptent sur les doigts d’une demi-main, les regrets, eux, sont nombreux. Dans cette triste histoire nous perdons un lieu à l’accueil chaleureux et à taille humaine; des prix raisonnables et une programmation musicale de qualité. Ainsi soit-il…

A qui la faute? Comme dans toute paroisse, il y a des intrigues. Celle de la rue Richemont n’échappe pas à la règle comme nous le confesse le camerlingue du K-36, Philippe Scandolera: «C’est vrai que nous nous attendions à être un peu plus soutenus par les autres établissements du quartier. Tous ces problèmes de voisinage ont compliqué notre tâche pour trouver la voie de la stabilité financière. Je pense toutefois que l’on aurait pu trouver un équilibre budgétaire.»

Au pape du lieu, Rolan Delorme, de confirmer: «L’équation était dure à résoudre entre le prix des boissons, la taille du lieu et les charges. La cigarette n’a pas aidé les choses. Avec un fumoir tout aurait pu être différent.» Quant à une résurrection du K-36…? Ce n’est pas tout de suite que nous reverrons la pierre du tombeau rouler. «Il faut voir si une occasion se présente mais on va probablement plus tabler sur des soirées ponctuelles dans des lieux déjà existants. Je ne pense pas que nous allons faire de nouveaux investissements.»

Triste histoire que celle-ci, n’est-ce pas? Mais connaissez-vous celle du petit agneau blanc tué pour plaire à une reine despotique? Des quatre pattes et de la tête du cadavre du petit animal jaillit finalement une fontaine de vin et quatre arbres fruitiers. Cette légende chrétienne, comme beaucoup d’autres, finit bien. Espérons qu’il en sera de même pour ceux qui se lanceront encore dans une aventure dédiée aux noctambules LGBT.

» K-36; 9, rue Richemont – dernières soirées: vendredi 31 août avec Shazzer et samedi 1er septembre avec les LuLúxpo.