Mieux prendre en charge les victimes d’agressions homophobes

policeokLes polices cantonales et municipales intègrent dans la formation de leurs futurs agents un module spécifique.

 

Police et prise en charge des victimes homosexuelles ne font toujours pas bon ménage. Les pouvoirs publics s’impliquent pourtant pour que les policiers soient sensibilisés aux droits des minorités, et Dialogai, déjà engagé dans les formations dispensées aux élèves de la Police Cantonale, interviendra dès 2016 auprès des futurs agents municipaux.

Les gays insatisfaits de leurs rapports avec la police.

Les enquêtes de Dialogai ont mis en évidence que si les homosexuels sont nettement plus exposés aux agressions verbales ou physiques, aux vols ou au harcèlement, le dépôt de plainte n’est pas systématique (autour de 50%). De plus lors d’un signalement à la police, entre 30 et 40% des victimes ne sont pas satisfaits de leur prise en charge. Une population de 3 à 4 fois plus exposée aux agressions que les hétéros se retrouve ainsi confrontée à des réactions inappropriées, parfois volontaires, mais la plupart du temps liés à une simple méconnaissance de l’homosexualité qui laisse les préjugés s’exprimer.

Un module spécifique sur l’homophobie.

Le respect des droits humains des minorités est pourtant au programme des formations reçues par les futurs agents de police. La police cantonale accueille également une formation supplémentaire sur l’homophobie dispensée par Dialogai. Interrogé sur une formation similaire pour la police municipale, le Conseil Administratif de la Ville de Genève répondait en 2013 que là aussi, l’enseignement de base serait complété de manière spécifique. Dès l’année prochaine, ce sera chose faite, et Dialogai proposera ainsi la même formation aux deux corps de police.

Prendre en charge sans stigmatiser.

Dans les deux heures accordées à ce module, l’accent est mis sur les témoignages de victimes courageuses qui ont accepté de venir partager leur mauvaise expérience auprès de la police ou de la justice. La théorie passe donc aux travers d’exemples concrets complétés par le regard de membres de Pink Cop, l’association des policiers homosexuels. L’objectif est de fournir les éléments de base comme la différence entre sexe, identité de genre et orientation sexuelle, ainsi qu’un processus de prise en charge des victimes évitant la stigmatisation. La formation invite enfin à réfléchir ensemble sur la meilleure manière d’établir des relations de confiance.

Proposer le même module aux agents de sécurité privés serait souhaitable. En attendant que le droit pénal reconnaisse l’homophobie au même titre que les autres crimes de haine, la nouvelle Constitution Genevoise assure une base solide à ces revendications pour plus d’égalité.