Le Parlement européen appelle les 78 pays qui répriment l’homosexualité « à ne plus considérer comme une infraction les actes consentis entre adultes de même sexe ».
Lire la déclaration complète dans la liste des textes adoptés le 16/01/2014 par le Parlement Européen, p. 74ss

Le Parlement européen a « condamné avec force » jeudi 16 janvier l’adoption, dans plusieurs dizaines de pays, de lois destinées à réprimer de plus en plus durement l’homosexualité.

Il demande aux instances de l’Union Européenne d’indiquer sans ambigüité que de telles lois « auront des retombées significatives sur les relations bilatérales que ces pays entretiennent avec l’Union européenne et avec ses États membres »

consweil europe smallUn total de « 78 pays considèrent toujours les activités consenties entre adultes de même sexe comme un délit« , déplorent les élus européens, soulignant que dans sept de ces pays, les gays et lesbiennes sont passibles de la peine de mort (Iran, Mauritanie, certaines parties du Nigeria, Arabie saoudite, certaines parties de la Somalie, Soudan et Yémen).

Les eurodéputés ont lancé un appel plus particulier aux autorités du Nigeria – où une loi restreignant fortement les droits des gays a été promulguée lundi – et de l’Ouganda, où le parlement local a adopté en décembre un texte similaire.

Les élus européens demandent par ailleurs à la Russie d’abroger la loi promulguée en juin par le président Vladimir Poutine, qui interdit la « propagande » de l’homosexualité devant les mineurs. Ce texte « accroît la discrimination et la violence à l’encontre » des gays et lesbiennes« , s’inquiète le Parlement.

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En outre, le parlement européen rappelle que  criminaliser l’homosexualité par des « lois qui érigent en infraction les activités consenties entre adultes de même sexe et la défense des droits fondamentaux des personnes LGBTI constituent un obstacle de taille à la lutte contre le VIH/sida » et que « ces lois rendront la prévention du VIH/sida, notamment, encore plus difficile dans les pays où le taux de prévalence du VIH/sida est élevé » car « les groupes à risque ont peur de l’intervention des professionnels de la médecine« .

Dans un rapport rendu public mercredi 15 janvier par le ministère des Affaires étrangères, la Russie accuse l’Union Européenne d’essayer de promouvoir sa « vision de l’homosexualité et du mariage entre personnes de même sexe comme étant une norme de vie » en mettant en œuvre une « propagande agressive de l’amour homosexuel » quitte à aller à l’encontre de la volonté des peuples, si l’on en croit le compte-rendu russe.

« La promotion des droits des minorités sexuelles est agressive. Il y a eu des tentatives d’imposer une vision étrangère de l’homosexualité et du mariage entre personnes de même sexe comme étant une norme, une sorte de phénomène naturel qui mérite d’être soutenu par l’État. Cette approche a rencontré une certaine résistance dans des pays aux valeurs traditionnelles mais aussi dans les pays qui ont toujours été ouverts avec les ‘homos’ [le terme employé dans la traduction en anglais, ‘queers’, est péjoratif, ndlr]. Il suffit de se rappeler des protestations d’une grande partie de la société française lors de la légalisation de ces mariages« .

En dehors de la vision européenne de l’homosexualité, ce rapport sur les droits de l’Homme  critique plus globalement « la dissémination par l’Europe de ses valeurs néolibérales comme étant un mode de vie universel qui devrait s’appliquer à tous les membres de la communauté internationale« .

« Propagande » mise à part, la Russie remarque chez ses voisins européens une « croissance constante de la xénophobie, du racisme, d’un nationalisme violent, du chauvinisme et du néonazisme« .

Les initiatives et appels au boycott se multiplient contre l’organisation des JO d’hiver à Sotchi et la loi controversée. Après les demandes de Stephen Fry  de délocaliser les Jeux, 27 lauréats du Prix Nobel viennent d’écrire au président russe pour protester.

D’autres initiatives, moins frontales mais tout aussi fortes, ont récemment vu le jour. À l’instar du choix de Barack Obama de nommer Brian Boitano et Billie Jean King -tous deux ouvertement homosexuels- comme membres de la délégation officielle qui représentera les États-Unis à Sotchi, ou du premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte  qui évoquera les droits des homosexuels en Russie pendant sa visite à l’occasion des Jeux olympiques de Sotchi.

 

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