Homophobie meurtrière au Cameroun: rencontre émouvante à Dialogai

Cameroun grand

C’est autour d’une cinquantaine de personnes qu’ont pris tour à tour la parole F. M. et  M.E. (deux militants camerounais dont nous ne pouvons pas révéler le nom puisqu’ils on été menacés de mort à leur retour au Cameroun) accompagnés de  l’avocate Saskia Ditisheim au sein de l’Inside de Dialogai.

HOMOPHOBIE MEURTRIÈRE ET ÉLECTIONS

Ce que nous avons entendu est autant bouleversant que révoltant. Pendant près d’une heure, nos témoins ont décrit les exactions dont sont victimes les homosexuel-l-es au Cameroun: la violence, les emprisonnements arbitraires, les délations, les passages à tabac, les perquisitions illégales, vols, tortures, corruption policière… La législation offre des bases sauvages à ces agissements: l’article 346 bis du Code pénal camerounais punit « d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 20 000 à 200 000 F CFA (30 à 305 euros) toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe ». La police vous trouve avec un préservatif et c’est le tribunal qui vous attend, la prison, l’humiliation, la perte de vos droits fondamentaux.

Ainsi,  le meurtre effroyable d’Eric Ohenna Lembembe (Directeur de la CAMFAIDS), au seul titre de son militantisme, permet d’affirmer, selon l’expression même de son ami M., « qu’il y a un avant et un après Eric: depuis sa mort, l’homophobie a doublé ».  Au mépris des accords internationaux signés pourtant par le Cameroun, le Président Paul Biya se rend coupable d’atrocités et les craintes sont grandes que, dans le contexte électoral actuel et d’homophobie applaudie par une majorité, les partis politiques se servent des homosexuels pour faire grimper leur côte de popularité.

 

« ON SAIT QU’ON VA PEUT-ÊTRE  ÊTRE ASSASSINÉS », Maître Saskia Ditisheim

Dans ces conditions, le militantisme est un risque de chaque instant. « Nous défendons l’indéfendable » explique Maître Ditisheim qui part plaider au Cameroun pour défendre les homosexuel-l-es et aider le peu d’avocats camerounais qui ont le courage de défendre cette cause (Tout comme Michel Togué, Alice Nkom). Maître Ditisheim n’a pas hésité de lire à haute-voix les menaces de mort qu’elle a gardées sur son téléphone, coupées de propos vulgaires. Elle souligne que M. E. doit maintenant disposer d’un garde du corps et que sa famille a été déplacée. Ce n’est plus la peur qui est ici décrite mais la torpeur que nos trois invités acceptent d’affronter au nom de la liberté, des droits fondamentaux et de la défense de la cause homosexuelle camerounaise.

Nos invités savent que cet article 346 bis ne disparaitra pas et que le Cameroun ne respectera pas les recommandations du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies qui s’est réuni du 9 au 24 septembre. Ils espèrent au moins un moratoire évitant d’être sous le coup d’une loi pénale à cause de l’orientation sexuelle.

 

« GRÂCE À VOTRE SOUTIEN, LA VICTOIRE VIENDRA DE NOUS »

 

Face à cette situation, le militantisme est précaire. C’est d’expertise dont ont besoin nos militants, ce qui requiert un renforcement des compétences. Toute participation financière est bien entendue la bienvenue ainsi que toute forme de collaboration à laquelle toute médiatisation participe.