Première étude depuis 24 ans sur l’efficacité des préservatifs

L’utilisation intermittente du préservatif pour les relations sexuelles anales n’a aucun effet. Seule l’utilisation systématique est efficace. C’est la conclusion de la première grande étude conduite depuis 24 ans sur l’efficacité des préservatifs pour prévenir la transmission du VIH lors du sexe anal.

L’étude a été conduite par le CDC (Centre pour le Contrôle et la Prévention des Maladies) aux Etats-Unis et a été présentée à CROI 2013, la 20ème conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes. Elle a examiné le taux d’infections parmi 3490 hommes gays, initialement séronégatifs, qui ont dit avoir eu au moins une expérience de sexe anal avec un partenaire séropositif. Les hommes ont été classés selon leurs déclarations concernant l’usage du préservatif: toujours utilisé, quelquefois ou jamais.

Il est important de souligner qu’il s’agit d’une étude d’efficacité : elle examine l’effet global sur la prévention du VIH de l’utilisation à 100% du préservatif en tant que stratégie de rapports sexuels à moindre risque chez les hommes gays.

L’efficacité du préservatif, c’est à dire dans quelle mesure il prévient l’infection du VIH lorsqu’il est utilisé correctement, et régulièrement, est susceptible d’être supérieure à 70%, puisque les études d’efficacité reposent sur les déclarations des personnes elles-mêmes et prennent en compte les occasions où le préservatif a glissé, s’est rompu, a été percé ou, malgré les meilleures intentions, n’a pas été utilisé.

La réduction globale du risque d’infection chez les hommes qui ont toujours utilisé un préservatif pendant le sexe anal, insertif ou réceptif, était de 70%. L’étude a analysé les données de deux études très différentes, et dans l’étude qui offrait un programme de soutien pour des rapports sexuels à moindre risque, la réduction était de 86% par rapport à 60% dans l’autre.

Le taux d’efficacité à 70% était le même que celui observé dans la seule étude conduite précédemment sur l’efficacité du préservatif pour le sexe anal, datant de 1989.

L’étude du CDC a également constaté que l’utilisation d’un préservatif « parfois » n’était pas plus efficace que de ne « jamais » en utiliser. Ce qui ne parait pas probable, mais les auteurs du rapport ont  fait remarquer que chaque fois qu’un préservatif n’est pas utilisé, l’efficacité globale de l’utilisation du préservatif se dégrade. C’est à dire que même si les individus utilisent des préservatifs quelquefois, s’ils ont de nombreux épisodes de rapports sexuels non protégés, ça finit par correspondre à aucune protection.

L’étude a également constaté qu’une utilisation à 100% est difficile à maintenir à long terme.  Alors que deux tiers des individus dans l’étude (y compris les personnes qui n’avaient pas eu de partenaires séropositifs) ont maintenu l’utilisation du préservatif pendant au moins 6 mois, seule une personne sur six a réussi pendant les trois ou quatre ans des études analysées.

Cette nouvelle étude ne nous apprend en vérité pas grand chose de neuf sur l’efficacité du préservatif. Elle démontre par contre que le sexe à moindre risque, tel qu’il est traditionnellement formulé, est difficile à maintenir au long terme, et illustre la nécessité d’avoir des méthodes alternatives de prévention qui supplémentent l’usage du préservatif pour les hommes gays.