C+H – Rencontre avec Marc Voltenauer auteur de « Le dragon du Muveran » 31.01

dragonMeurtre, mysticisme et homosexualité sont réunis par Marc Voltenhauer dans son roman : « Le dragon du Muveran ». L’inspecteur Andréas Auer, le personnage principal de cette fiction, partage en effet sa vie avec un homme. Pourtant cette caractéristique n’est pas centrale dans l’intrigue mais intervient comme une simple composante du récit. Une banalisation sans militantisme dans une version vaudoise des polars nordiques dont le groupe Chrétien-ne-s et Homosexuel-le-s de Dialogai vous propose de discuter avec l’auteur.

C+H – Rencontre avec Marc Voltenauer mardi 31 janvier 2017 de 20h à 22h à Dialogai, entrée libre

Dans votre roman, vous invitez les lecteurs à suivre l’enquête d’un inspecteur homosexuel loin des clichés des personnages gays. Doit-on y voir une volonté de banalisation ?

J’ai voulu décrire « une » réalité de l’homosexualité. Mais, c’est un élément secondaire dans mon roman. Il s’agit avant tout d’une histoire policière et pas d’un roman gay. Faire de mon personnage principal un homosexuel me permettait surtout de sortir de la caricature du policier souvent hétérosexuel, avec des problèmes avec l’alcool et une relation compliquée avec sa compagne. Mon personnage est cultivé, fin gourmet et à une certaine sensibilité. Cette empathie me permet de travailler sur la psychologie des protagonistes de ce huis-clos.

Les personnages LGBT ne sont d’ailleurs pas si absents des romans policiers nordiques, mais ce sont toujours des personnages secondaires.

Je m’interrogeais néanmoins sur une possible réticence des lecteurs, mais les réactions dont on m’a fait part sont positives aussi bien venant des lecteurs hétérosexuels qu’homosexuels. Je n’exclus d’ailleurs pas de développer le passé de mon personnage dans un prochain ouvrage et donc de revenir sur son homosexualité.

Tout le roman se situe autour de l’univers de la foi ou du mysticisme. Comment l’inspecteur Auer concilie-t-il ce contexte avec son homosexualité ?

Mon personnage entretient une spiritualité mais en dehors des Eglises. Je ne vois pas de conflit entre l’homosexualité et la foi. Cet aspect me permet de développer la profondeur de mes personnages en mettant en relief toutes les zones de gris qui s’étendent de la culpabilité à la vengeance. Comme pour son homosexualité, c’est un aspect qui sera sans doute développé au fur et à mesure des récits à venir.

Des versets sont cités dans le livre pour expliquer la démarche d’un personnage. Il est possible de faire le parallèle avec l’extrémisme religieux : des extraits des textes, sortis de leur contexte, servent à justifier les pires crimes. Il faut savoir prendre ses distances par rapport aux textes. Leur dimension symbolique est évidente. Cela transparait d’ailleurs dans les fréquentes similitudes entre les religions et celles qui les ont précédé.

L’action se situe dans le village vaudois de Gryon. Comment l’homosexualité y est-elle perçue ?

Il ne faut pas croire que l’homosexualité n’existe pas en dehors des villes. Mon expérience montre qu’elle existe et qu’elle peut être tout à fait intégrée. Dans le roman, le huis-clos à Gryon tire profit de la sensibilité au niveau humain de l’inspecteur Auer pour mieux rentrer dans l’intimité des habitants et traduire l’atmosphère de la vie dans le village. Mais l’essentiel des interactions concernent l’enquête et pas l’orientation sexuelle du personnage.

Mettre en avant le quotidien des protagonistes et faire ressortir la dimension humaine est une caractéristique des romans policiers que j’aime. De plus, l’idée de ce roman vient de Gryon : tout est parti de la vision d’un cadavre dans le temple du village que je connais bien.

marcvoltenauer

Né en 1973, Marc Voltenauer a étudié la Théologie à l’Université de Genève. Passionné par les polars nordiques qui le ramènent à ses terres d’origine, il trouve son inspiration dans le pittoresque village montagnard de Gryon. Le Dragon du Muveran est son premier roman et la suite est en cours de rédaction.