Pour améliorer la santé des hommes gays et bisexuels, il faut dépasser le VIH

michael oltenLes 18 et 19 aout dernier, la Haute Ecole du travail Social d’Olten accueillait la conférence « Transgressing Boundaries and the Intersection of Sexualities in Social Work ». Organisée par le Sexuality and Social Work Interest Group, elle réunissait des professionnels du secteur, des étudiants et des chercheurs. Dialogai, invitée pour proposer l’une des quatre key notes, présentait sa vision de la santé des hommes gays et bisexuels : dépasser le VIH/IST pour promouvoir une approche préventive et globale.

La santé des gays ne se résume pas aux VIH/IST

Depuis les études menées dans le cadre du projet santé gaie[1] dans les années 2000, Dialogai a démontré que le VIH et les infections sexuellement transmissibles ne sont qu’un aspect à prendre en considération pour agir sur la santé des hommes gays et bisexuels. Si leurs prévalences restent élevées dans la communauté et qu’une infection peut encore conduire à des traitements contraignants, d’autres leviers peuvent être actionnés pour améliorer la santé d’une population moins bien lotie que les hétérosexuels dans quasiment tous les domaines. Par exemple, les hommes gay et bisexuels souffrent d’avantage d’anxiété et de dépression et font face à un plus grand risque de suicide en raisons notamment de  la stigmatisation de l’homosexualité. En exploitant ces résultats scientifiques obtenus dans le cadre de recherche avec l’Université de Zurich, il est possible de mettre en évidence les domaines dans lesquels agir, mais aussi savoir que faire.

morbidité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Troubles ou maladies (sauf tabagisme et drogue = risque)

Les hommes gays et bisexuels de Genève sont en plus mauvaise santé que les hommes de la population générale dans la plupart des domaines de santé.

 

 

 

La santé mentale : priorité sans bonnes pratiques

En Suisse, les acteurs publics de la santé reconnaissent que la santé mentale doit devenir une priorité. Les autorités fédérales sont en train de définir les premières stratégies nationales en matière de santé mentale et de prévention du suicide. En 2009, Dialogai et Lestime, exploitant les résultats de l’enquête santé gay, mettaient en place le projet Blues-out qui alliait une information en ligne à des actions de sensibilisation dans la scène LGBT pour informer et prévenir la dépression et le suicide. Aujourd’hui, le défi est d’actualiser ce type d’outil à l’environnement des réseaux sociaux et à l’essoufflement de la scène ; un défi, car aucun inventaire des bonnes pratiques n’a jamais été établi, même si des modèles se démarquent comme par exemple, la campagne Beyond blue en Australie.

Prévenir plutôt que guérir

A Checkpoint Genève, l’extension des prestations à la santé mentale est un succès. En moins d’un an, les consultations de psychiatrie et les psychothérapies ont rencontré leur public et répondent visiblement à une attente de la communauté. Mais, il n’est pas possible pour Dialogai d’en rester là car l’idéal de l’association est d’éviter aux homosexuels d’avoir des raisons de consulter : prévenir plutôt que guérir. Ces nouvelles prestations ne sont donc qu’un aspect de la réponse aux problématiques de santé mentale : celles-ci doivent être complétées par des actions de promotion de la santé dans la communauté.

La même logique devrait s’appliquer à tous les problèmes de santé auxquels les homosexuels sont exposés. Il se pose alors la question des acteurs à mobiliser. En effet, si les associations VIH, nombreuses et efficaces dans la communauté homosexuelle, sont une bonne base sur laquelle développer de nouvelles prestations de santé, la promotion de la santé et du bien-être demande de dépasser les réflexes liés à la prévention dans le domaine de la santé sexuelle et de développer de nouvelles synergies.

[1] Voir notamment la brochure présentant une partie des résultats : http://www.dialogai.org/services/publications/brochure-sante-gaie/