genf-bei-nachtUne succession d’agressions homophobes a eu lieu au Parc de la Perle du Lac cet été. Les enquêtes en cours ont permis d’identifier des suspects que vos témoignages pourraient permettre de mettre plus facilement hors d’état de nuire. Si vous avez été victimes ou témoins d’une agression, n’hésitez pas à vous manifester soit directement auprès de la police cantonale soit en faisant appel au centre LAVI ou à Dialogai. En général, le délai pour déposer plainte est de trois mois après les faits. Nous vous livrons ici le témoignage de la dernière victime qui s’est manifestée auprès de l’association et qui revient sur ces interactions avec la police.

Pour respecter la procédure en cours, le témoignage que nous vous livrons est anonyme et laisse volontairement de côté les faits exacts.

Comment s’est déroulée l’agression dont vous avez été victime et qu’est-ce qui vous a poussé à porter plainte ?

Tout s’est passé très vite : un individu m’a demandé une cigarette à proximité de la zone de drague et ses deux comparses sont immédiatement sortis des fourrés. J’ai tourné le dos et je me suis éloigné. Le meneur m’a agressé silencieusement par derrière et j’ai été jeté à terre sans pouvoir me défendre, puis roué de coups de poing et de coups de pieds. L’intervention d’agents de sécurité privé a permis de rattraper mes agresseurs et de les retenir jusqu’à l’arrivée de la police. C’est l’un des agents de sécurité qui a pris l’initiative d’appeler la police. Cependant, l’attente fut longue comme la police a mis plus d’une demi-heure pour arriver. Le contact avec les forces de l’ordre sur le terrain a été lamentable, à la limite de l’homophobie. Je suis rentré chez moi par mes propres moyens sans porter plainte ni voir de médecin pour faire constater mes blessures.

Dans ces conditions, qu’est-ce qui vous a incité à finalement déposer plainte ?

C’est clairement pour éviter que mes agresseurs ne récidivent que j’ai déposé plainte : toute agression doit être sanctionnée ! Il ne faut pas que les auteurs de telles agressions aient en plus un sentiment d’impunité. Le contact avec la police au poste s’est très bien passé. Je n’avais aucune difficulté à assumer ma présence au parc et à l’expliquer. Je n’ai d’ailleurs subi aucun commentaire à ce sujet de la part de la police. Je n’ai fait appel à aucune des ressources que vous proposez : ma démarche me paraissait tout à fait légitime… Avoir des relations sexuelles à l’extérieur n’est punissable que s’il y a des témoins : il ne faut donc pas que ce soit un obstacle au dépôt de plainte. Il faut aussi mettre fin au mythe selon lequel la police viendrait traquer les homosexuels dans les parcs.

Avez-vous des conseils ou des recommandations à formuler pour éviter ces agressions ?

Dans la liste de vos recommandations, vous conseillez de prendre la fuite ; ça me parait irréalisable : je pense qu’il vaut mieux faire face et bousculer ses agresseurs immédiatement. Il faut être attentif et observer les lieux avant de s’engager. Mais ce qui me parait le plus marquant, dans mon agression comme dans les récits que j’ai pu entendre d’autres histoires similaires, c’est le manque de solidarité entre les personnes qui se rendent au parc. Les gens auraient plutôt tendance à s’éloigner s’ils sont témoins plutôt que de faire front commun face aux agresseurs. Il faudrait au moins que les témoins appellent des secours.

En cas d’agression, il faut absolument porter plainte. Cette formalité n’entraîne aucun frais et aucune obligation de comparaître devant le tribunal, la police se chargeant de soutenir l’accusation. En cas d’agression grave, la police peut procéder à des analyses d’ADN sur les blessures de la victime, lesquelles peuvent permettre d’identifier l’agresseur. La police possède une collection de photos de personnes ayant participé à des agressions et qui peuvent permettre aux victimes de les identifier. Seule une plainte peut permettre de mettre les délinquants hors d’état de nuire.

Aujourd’hui, j’ai de l’appréhension à retourner dans les parcs. Je ne m’y sens plus en sécurité. Je le regrette car c’est un contexte que je préfère aux sex-clubs ou aux saunas. Le droit à draguer librement devrait être préservé et soutenu plus activement par des associations comme la vôtre.


Si vous avez été victimes ou témoins d’une agression votre témoignage peut être utile. Contactez Dialogai qui peut vous accompagner pour déposer plainte à la police.

Faîtes-vous soigner et demander un constat médical des blessures avant de vous laver.

Si vous avez été victime d’une agression vous devriez également contacter le centre LAVI. Le centre LAVI est spécialisé sur ces questions et peut vous offrir soutien psychologique, juridique et financier. http://www.centrelavi-ge.ch/

Une plainte peut se déposer dans tous les postes de police. Nous vous recommandons de vous adresser au poste de police des Pâquis, ouvert 24h/24h qui, à notre connaissance, est sensible aux agressions homophobes.

Centre Genevois de Consultation pour Victimes d’Infractions LAVI

Boulevard de Saint-Georges 72, 1205 Genève

Tél.: +41 22 320 01 02

Dialogai

Rue de la navigation 11-13, 1201 Genève

Tél. : +41 22 906 40 40

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