tribunalgeneve« Je ne sais pas, j’étais perdu, j’étais comme un robot dans ma tête ». Hésitant, murmurant ses réponses en albanais à l’interprète, l’accusé ne parvient pas à mettre des mots sur les raisons de son déchaînement de violence. Accusé de meurtre, il s’est présenté face aux juges du Tribunal criminel, hier, pour le premier jour de son procès.

 

Les faits remontent à un soir de mai 2013. Venu à Genève pour rejoindre un proche qui lui aurait trouvé un travail, le jeune homme de 21 ans, marié et père d’une petite fille, est hébergé par un trentenaire. Faute d’espace dans son appartement, ce dernier lui propose de s’installer dans son garage.

 

Un soir, les deux hommes se rejoignent dans ce garage après avoir échangé une série de SMS. Ils font l’amour. Au terme de cette relation sexuelle, le Kosovar frappe mortellement la victime à la tête à l’aide d’un cric puis d’un tournevis, subtilise l’argent qui se trouve dans son portefeuille et s’enfuit.

 

Selon le rapport d’expertise, entre 25 et 37 coups ont été portés au visage, sur le cou et le torse de la victime, dont les mains ont été ligotées. Le lendemain, la police retrouvera le corps dénudé. L’ADN et les traces de sperme permettront de remonter la piste de l’assassin, parti en Italie.

Deux ans après, le premier acte du procès a tenté de reconstituer le parcours du prévenu. Chemise noire, cheveux coupés courts, carrure imposante, il s’est présenté face à ses juges en restant évasif sur ce qui l’a mené à commettre l’horreur. Alors que ses proches étaient dans la salle, il a demandé le huis clos partiel « par pudeur ».

 

Le prévenu a avoué l’homicide. Reste toutefois l’incertitude quant à son parcours exact. Des SMS et le signal de son téléphone laissent planer le doute sur le déroulement de cette journée du 24 mai 2013 qui se termine par l’acte sexuel et l’assassinat.

 « J’ai été menacé, frappé. Je ne voulais pas avoir cette relation sexuelle, je ne suis pas homosexuel » tente de convaincre le prévenu.

 

Face à lui, la famille de la victime, partie plaignante, subit une audience éprouvante et ne croit pas aux propos du meurtrier.

« Notre fils était quelqu’un de généreux, jamais violent, mais naïf » raconte sa mère.

 

Au terme de cette première journée de procès, les médecins légistes sont venus confirmer ce qui figure dans le rapport d’autopsie, à savoir la violence inouïe des coups portés à la victime. Bien qu’ils ne puissent exclure qu’il y ait eu une forme de bagarre, ils n’ont pas constaté de lésions de défense, ce qui laisse penser que « la victime était assise ou couchée » lorsqu’elle a reçu des coups. Le procès se poursuit.