preventionindePrévention dans un village en Inde. JAYANTA DEY / REUTERS

 

 

 

 

 

 

Pour atteindre l’objectif de mettre un terme à l’épidémie de sida d’ici à 2030 dans le monde, il faut passer d’une approche « taille unique » à une réponse « sur mesure ». C’est en quelque sorte le changement de paradigme auquel invite le rapport annuel, publié mardi 24 novembre, par l’Onusida, à quelques jours de la journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre. L’organisation onusienne plaide pour une action focalisée sur les zones où des populations font face à un risque élevé d’infection par le VIH. En quelque sorte, passer du global au local.

« En ciblant, nous touchons davantage de gens, avec une plus grande efficience dans l’allocation de ressources », argumente Michel Sidibé, directeur exécutif d’Onusida. Les preuves du succès de cette méthode sont nombreuses. En Iran, le nombre de détenus usagers de drogue injectable ayant accès à un programme méthadone, afin de réduire les risques de transmission du VIH par le partage de seringues, est passé d’une centaine dans les années 2002-2003, à 25 000 en 2009.

 

 

Au Burkina Faso, l’épidémie est concentrée dans les deux plus grosses villes du pays, Ouagadougou, la capitale, et Bobo-Dioulasso, notamment parmi les prostituées chez lesquelles la prévalence du VIH est de 13 à 15 %. Le programme Yerelon offre à ces dernières un éventail de services sanitaires et sociaux dispensés par leurs pairs. « Une étude sur la période 2011-2014 montre que grâce au programme, il n’y a eu aucun nouveau cas d’infection par le VIH dans cette population pourtant très exposée », se réjouit Michel Sidibé.

« Le rapport présente plus de 50 exemples montrant comment il est possible d’atteindre les populations clés, en s’appuyant encore plus sur les communautés et en leur transférant des compétences », plaide Michel Sidibé.

 

 

Dépistage

Le directeur exécutif de l’Onusida cite ainsi la politique de « formation de 37 000 agents de santé communautaires en Ethiopie, dont l’action a permis de diminuer de 92 % le nombre des nouvelles infections au cours des cinq dernières années ». Cette initiative a facilité l’acceptation de tests de dépistage et la mise sous traitement des personnes infectées par le VIH, dans la logique des objectifs fixés par Onusida d’ici à 2020 : que 90 % des personnes aient eu un test de dépistage et connaissent leur statut ; que 90 % des séropositifs soient traités ; que 90 % des patients traités aient une charge virale supprimée.

Eviter les nouvelles infections implique d’apporter les bonnes interventions au bon endroit et au bon moment. Parmi elles, le préservatif a largement fait ses preuves mais souffre d’une certaine désaffection. D’autres mesures comme la circoncision proposée aux hommes jeunes possède une efficacité protectrice de 60 %. A la fin 2014, neuf millions d’hommes avaient subi une circoncision médicale dans les pays d’Afrique jugés prioritaires, dont trois millions pour la seule année 2014.

 

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La combinaison de deux antirétroviraux, commercialisée par Gilead sous le nom de Truvada, a démontré son efficacité notamment dans l’expérience de San Francisco. DENIS CHARLET / AFP

 

 

 

 

 

L’utilisation de médicaments antirétroviraux « s’est également révélée un outil de prévention efficace chez des personnes exposées à un haut risque d’infection par le VIH et peut énormément réduire le nombre de nouvelles infections », souligne Michel Sidibé. C’est ce qu’on appelle la prophylaxie pré-exposition (PrEP). L’emploi de la combinaison fixe commercialisée par Gilead sous le nom de Truvada a ainsi démontré son efficacité notamment dans l’expérience de San Francisco.

Mais, la PrEP ne se limite pas à un « luxe » – en raison de son coût élevé – que pourraient seulement se permettre des habitants de pays riches ayant des pratiques à risque, comme le dénoncent certains critiques. Elle peut aussi être utile dans le cas de couples sérodiscordants, où un seul des deux partenaires vit avec le VIH, ou celui des adolescents sexuellement actifs dans des pays où la prévalence de l’infection est élevée, notamment les adolescentes en Afrique australe.

Le rapport présente également les expériences d’utilisation avec des résultats très efficaces parmi les prostituées au Zimbabwe et les hommes ayant des rapports homosexuels en Thaïlande ou au Brésil, ainsi que les transgenres dans ce dernier pays. Pour Michel Sidibé, « nous ne pouvons gagner contre le VIH en restant au niveau global ».

Les derniers chiffres sur le VIH

 

 

 

 

Source : Le Monde