ile-mauriceUne simple histoire, anodine et lointaine… Cynthia est d’origine camerounaise. Depuis six mois, cette jeune fille vit à l’île Maurice où elle est étudiante en Hospitality Management. Il y a deux semaines, elle a été convoquée par les agents des frontières. La suite, Cynthia la raconte au journal local le Mauricien : «C’est difficile d’expliquer à quel point j’ai été blessée, meurtrie, autant par la nouvelle de ma séropositivité, que par la façon dont on m’a traitée au Bureau du passeport et de l’immigration.

J’y étais allée, ce jour-là, récupérer les résultats des tests sanguins auxquels chaque aspirant étudiant doit se soumettre en arrivant sur l’île.» Elle enchaîne : «Les officiers m’attendaient. Après avoir vérifié qui j’étais, ils m’ont tendu la lettre. J’ai tout découvert, je ne savais pas que j’étais séropositive. Je n’y comprenais plus rien… Tout a basculé autour de moi, je ne savais même plus où je me trouvais…» Cynthia ajoute : «On m’a juste dit : « Voilà, vous avez le sida. On ne peut accepter votre demande de visa d’étudiant. Vous ne pouvez pas rester à Maurice. On ne veut pas de vous ici. Il vous faut rentrer chez vous ».»

 

Depuis, rien. Elle attend. Mais quoi ? Le comble de cette histoire, c’est qu’il y a un an tout juste, le 16 avril 2014, le gouvernement de l’île Maurice s’était engagé à lever toutes les restrictions actuelles de séjour et de résidence pour les personnes vivant avec le VIH. Lors d’une rencontre avec le directeur de l’Onusida, Michel Sidibé, à Port-Louis le 18 avril, le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, avait promis de mettre en place une commission spéciale pour examiner et émettre des recommandations en faveur de la levée des restrictions de déplacement qui restaient dans le pays. L’île Maurice étant l’un des 44 pays du monde qui applique des restrictions d’entrée, de séjour et de résidence, pour les personnes vivant avec le VIH. Mais en un an, rien n’a changé.

 

Sur cette île, on ne peut pas dire que le sida soit un problème de santé publique majeur, avec autour de 300 nouveaux cas par an. Le problème central étant le trafic de drogue. Cynthia ne sait plus quoi faire. Elle est défendue par l’association qui l’a prise en charge, Pils (Prévention, Information et lutte contre le sida). «Ils sont ma famille depuis que toute cette calamité m’est tombée dessus.» Elle dit : «Quand on sait que les touristes sont accueillis à bras ouverts… Je n’ai aucunement l’intention de propager le virus du sida, même si je le porte dans mon sang. Tout ce que je veux, c’est faire mes études ici, pour les trois prochaines années puis repartir dans mon pays.» Faut-il rappeler qu’elle étudie la gestion… hospitalière ?

 

Source : Eric Favereau pour Libération