Rencontre avec Chatty Ecoffey Elle défend les familles homoparentales et publie une brochure d’information avec l’association faîtière suisse.
Elle court, un peu comme le lapin d’Alice, d’un rendez-vous à l’autre, mais finit par trouver une petite heure pour nous rencontrer. Chatty Ecoffey ne fait jamais rien à moitié. Coprésidente de l’association faîtière Familles arc-en-ciel de Suisse, elle arrive au terme de la campagne de promotion d’une brochure d’information visant à sensibiliser les institutions à la réalité des familles homoparentales. «En Suisse, plus de 30 000 enfants grandissent avec un ou deux parents homosexuels, bisexuels ou trans, explique celle qui se bat depuis des années pour la reconnaissance de l’homoparentalité.
Initiée et publiée avec la Ville de Genève, cette brochure sera un outil précieux pour amener une réflexion plus profonde sur la famille actuelle et ses différentes constellations.» La légitimation de ces enfants, et surtout de leur configuration de famille, est importante aux yeux de cette mère de deux enfants. «Dans un couple hétérosexuel qui a eu recours à un don de sperme, la filiation est automatique. Le père n’a pas besoin de l’adopter, développe la responsable du groupe homoparent de l’association LGBT 360. Alors que dans un couple homosexuel partenarié, la filiation n’est pas reconnue, l’adoption et la procréation médicalement assistée interdites.»
Inégalités et préjugés
Autant d’inégalités et de discriminations que Chatty Ecoffey combat avec ferveur au niveau fédéral, mais aussi à Genève, notamment à travers cette brochure. «Le débat sur le mariage pour tous en France a attisé une homophobie latente, principalement liée à la méconnaissance», assure-t-elle. Souvent confrontée à des discours radicaux, elle entend régulièrement justifier la méfiance envers les couples homos ou l’homoparentalité par des arguments stéréotypés et archaïques. «Lorsque j’interroge ces personnes sur ma famille, elles me répondent: mais vous, ce n’est pas pareil, on voit que vos enfants vont bien. Simplement parce qu’elles me connaissent, me voient avec ma compagne et nos enfants, tout d’un coup je deviens comme tout le monde.»
C’est contre ces préjugés que la Genevoise monte au créneau et organise régulièrement des actions, avec l’association 360 qu’elle copréside. «La reconnaissance sociétale et politique des réalités familiales est indispensable pour briser le tabou et les discriminations, poursuit la pasionaria des familles arc-en-ciel. Ça passe par les milieux médicaux, sociaux, mais surtout par l’école.» Des réunions de classe où les deux parents homosexuels sont de vrais interlocuteurs et que soit enfin reconnue une vraie double filiation? Chatty Ecoffey veut y croire. «Les mentalités changent et nos enfants les feront encore évoluer.»
Maman hyperactive
Quand elle ne se bat pas pour les autres familles, c’est dans la sienne qu’elle officie. Journées minutées entre son activité de graphiste, les sorties d’école, les devoirs et les loisirs. «Je passe beaucoup de temps avec eux, se réjouit celle qui vit, depuis 2010, avec sa compagne, sous le sceau du partenariat enregistré. Je me suis organisée pour ne pas envoyer mes enfants au parascolaire. On se relaye pour les voir grandir.»
L’an dernier c’est au Québec que Chatty Ecoffey est allée s’inspirer d’un modèle social d’avant-garde. «Ils sont en avance dans beaucoup de domaines, mais c’est frappant de constater comme la légalisation du mariage homosexuel a naturellement conduit à la reconnaissance des enfants du couple.»
Pour l’heure, ici à Genève, c’est à travers des formations dispensées dans les Hautes Ecoles sociales ou de santé que Chatty Ecoffey tente de changer le regard de la société. «Les professionnels rencontrent tous des familles arc-en-ciel. Il est important de les familiariser avec cette réalité.
Source : Tribune de Genève
Image: Olivier Vogelsang
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