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Être adolescent, c’est croire que la vie est éternelle. Les adolescents sont de fait moins vulnérables et plus résistants face aux maladies. Leurs taux de survie sont aussi élevés que l’enthousiasme de leur jeunesse est vigoureux.

 

Mais le VIH change la donne. Il est inconcevable que les maladies liées au sida soient chaque année la première cause de décès des adolescents, accidents de la route exclus. Pour la seule année 2013, 120.000 adolescents sont décédés de causes liées au sida, soit plus de 300 par jour.

 

Plus révoltant encore, le nombre d’adolescents décédant du sida ne diminue pas alors que les décès liés au syndrome ont chuté dans tous les autres groupes d’âge. C’est d’autant plus scandaleux que nous disposons des connaissances et des moyens nécessaires pour maintenir en vie et en bonne santé les adolescents vivant avec le VIH et pour prévenir les nouvelles infections.

 

Que pouvons-nous faire pour rendre la jeunesse invincible? Il nous faut commencer par le commencement et suivre les adolescents jusqu’à l’âge et tout au long de leur vie d’adulte.

 

L’immense majorité des adolescents décédés de maladies liées au sida en 2013 ont contracté le VIH durant la grossesse, l’accouchement ou dans les premiers mois de leur vie – leurs mères n’ayant pas reçu les médicaments antirétroviraux qui réduisent considérablement le risque de transmission du virus. Bien que des progrès conséquents aient été accomplis, un trop grand nombre de mères et de nourrissons ne bénéficient toujours pas des services de prise en charge du VIH dont ils ont besoin pour survivre et se développer.

 

Les 2% restants des adolescents qui vivent avec le VIH ont été infectés pendant l’adolescence, fait regrettable résultant de facteurs auxquels nous devons faire face avec honnêteté.

 

Plus de 250.000 jeunes de 15 à 19 ans ont été nouvellement infectés par le VIH en 2013 – en très grande majorité des filles. Dans ce groupe d’âge, les filles sont victimes des deux tiers des nouvelles infections au VIH dans le monde. En Afrique subsaharienne, ce chiffre fait un bond pour atteindre 80%. En Afrique du Sud, plus de 800 filles de ce groupe d’âge sont infectées par le VIH chaque semaine.

 

Les filles sont plus vulnérables au VIH parce qu’elles sont globalement plus souvent soumises à la violence, y compris sexuelle, au mariage forcé et au trafic d’êtres humains. Elles ont beaucoup moins de chances que les garçons d’avoir les informations nécessaires pour se protéger, et même lorsqu’elles en disposent, elles peuvent ne pas avoir l’autonomie nécessaire pour en faire usage.

 

Les autres jeunes contaminés par le VIH durant l’adolescence sont souvent des garçons gays ou bisexuels ainsi que des garçons et des filles toxicomanes ou qui se livrent au commerce du sexe. Bon nombre d’entre eux ne sont jamais diagnostiqués -sans même parler d’être traités- par crainte des répercussions s’ils se mettent en quête d’informations, cherchent à participer à des programmes de prévention ou à se faire dépister.

 

Beaucoup d’adolescents se sentent incompris, mais lorsqu’il est question de VIH et d’adolescence, il ne s’agit pas d’un sentiment passager. Les plans et les systèmes de santé nationaux des pays les plus durement touchés ne ciblent pas les adolescents, dont l’état de santé et le développement après l’âge de cinq ans ne bénéficient pas du suivi nécessaire. Trop âgés pour les pédiatres et souvent considérés comme trop jeunes pour accéder aux services de santé destinés aux adultes, bon nombre d’adolescents passent au travers des mailles du filet à un moment où ils ont le plus besoin d’attention.

 

Nous devons faire davantage pour protéger tous les adolescents et leur donner les moyens de se protéger eux-mêmes ainsi que leur santé. De fait, sans une initiative mondiale pour stopper les décès liés au sida et les nouvelles infections au VIH chez les adolescents, nous ne parviendrons pas à mettre un terme à l’épidémie.

 

On observe des signes prometteurs qui indiquent qu’une telle initiative s’accélère. Les programmes qui atteignent les adolescents sont plus nombreux et beaucoup sont pilotés par les jeunes eux-mêmes. De plus en plus de pays intègrent les adolescents dans leurs programmes nationaux de lutte contre le sida.

 

Les États-unis ont récemment annoncé un nouvel investissement de 210 millions de dollars pour prévenir les nouvelles infections à VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a récemment annoncé des subventions de 14 milliards de dollars et s’est engagé à inclure un ciblage des adolescents les plus exposés au risque.

 

Nous devons nous appuyer sur cette dynamique. Cette semaine, des leaders qui œuvrent pour mettre un terme à l’épidémie de sida se réunissent au Kenya pour lancer un appel en faveur d’une nouvelle cible mondiale – réduire de 65% les décès des adolescents liés au sida et de 75% les nouvelles infections au VIH chez les adolescents dans les cinq prochaines années.

 

Cet objectif ambitieux est au centre d’All In, nouvelle plateforme d’action pour mettre fin au sida des adolescents. L’action se concentre sur les domaines qui requièrent une accélération drastique des progrès: du renforcement des systèmes de données, pour mieux identifier et cibler les adolescents au sein des programmes nationaux de lutte contre le sida, à la promotion des approches innovantes favorisant un suivi et une prise en charge efficaces, jusqu’au plaidoyer pour un accroissement des ressources en leur faveur, avant qu’il ne soit trop tard.

 

Le plus important est que tous les jeunes participent eux-mêmes à l’éradication du sida des adolescents. Nous avons déjà commencé à soutenir cette initiative en appelant à un changement positif. Plus nous réussirons à les engager dans ce combat et soutiendrons leur leadership, plus nos efforts communs seront efficaces et permettront de mettre fin, ensemble, à cette épidémie.

 

Source : Anthony Lake, Directeur général de l’UNICEF pour Huffingtonpost-blog