Dépistage gratuit du VIH : le PS genevois insiste

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L’Exécutif cantonal doute de l’utilité de cette mesure. Les socialistes passent la vitesse supérieure.

 

Entre 15 et 20% des personnes séropositives ignorent qu’elles sont porteuses du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Ainsi, à elles seules, elles seraient responsables de 80% des cas de transmission. «Il faut faire quelque chose», insiste le député socialiste Romain de Sainte Marie. Sa solution? Genève doit offrir la gratuité des tests de dépistage VIH au sein des Hôpitaux universitaires (HUG) et des entités subventionnées concernées. L’élu dépose ce mardi un projet de loi dans ce sens.

 

200 000 francs par an

Le député PS n’en est pas à sa première tentative pour convaincre le Conseil d’Etat de prendre en charge ces tests, dont le coût est estimé à quelque 200 000 francs par an. En juillet, il avait déjà déposé une motion dans ce sens, qui avait été soutenue par la grande majorité de l’hémicycle (80 oui, 3 non et 6 abstentions). Mais il avait dû essuyer un revers: l’Exécutif avait rendu un rapport négatif, immédiatement rejeté par les députés.

 

Mauro Poggia, magistrat en charge de la Santé, rappelle les trois points qui avaient conduit le Conseil d’Etat à rejeter cette proposition: le nombre d’infections au VIH diminue à Genève alors que le nombre de dépistages, lui, augmente. Ces dernières années, plus de 5 millions de francs par an ont été attribués à la lutte contre le virus, soit 60% du budget pour la prévention des maladies. Et l’Etat n’a pas prévu d’augmenter les dépenses pour lutter contre le VIH, ce d’autant plus que les personnes fragilisées ont déjà la possibilité d’obtenir un dépistage gratuit (lire ci-contre).

 

Romain de Sainte Marie rejette ces arguments: «Quand on sait que le coût moyen d’une trithérapie est de 25 000 francs par an, en offrant les dépistages nous faisons des économies.» Et d’ajouter: «D’autant plus que plus les personnes infectées sont traitées rapidement, mieux elles sont soignées.»

 

Médecin adjointe à l’Unité VIH/sida des HUG, Alexandra Calmy le rejoint sur ce point: «Il est nécessaire de faire des dépistages précoces, et parfois répétés, pour éviter que les gens entrent en situation de soins à un stade tardif de la maladie. En ce sens, moins il y a d’obstacles au dépistage, mieux c’est.»

 

Se faire dépister de manière anonyme coûte moins de 60 francs dans la plupart des structures genevoises. Le Programme santé migrants offre déjà des tests gratuits aux émigrés ayant peu de ressources financières. Des centres de France proposent aussi la gratuité du dépistage à tous, à l’instar d’autres pays européens. Le coût est-il un obstacle? «Bien malin qui pourra le dire», admet Alexandra Calmy.

 

Des tests gratuits: efficace ?

Certains remettent en question l’utilité de la gratuité des dépistages. Pour le directeur du Groupe sida Genève, David Perrot, «la gratuité du test est un élément de lutte contre le VIH. Mais pour nous, l’important est également le travail de proximité avec ces publics qui ne sont pas toujours bien informés, explique-t-il. Il ne faudrait pas que cette subvention pour le dépistage se fasse au détriment d’autres financements dans ce domaine.» Ainsi, son association table surtout sur la prévention et particulièrement celle «des groupes cibles» – les personnes migrantes originaires de pays à haute prévalence du VIH et les hommes ayant des rapports avec des hommes.

 

«De toute façon, la gratuité n’existe pas, le contribuable paie à travers ses impôts ou ses primes d’assurance maladie, affirme le responsable de la Section prévention et promotion à l’Unité de santé publique de la Confédération. Ce qu’il faut changer, ce sont les comportements, en donnant des conseils et en soutenant les gens.» Il rappelle qu’actuellement aucun canton suisse n’offre la gratuité des dépistages.

 

Où peut-on se faire dépister dans la région et à quel prix ?

Chacun peut se faire dépister chez son médecin généraliste, qui est soumis au secret médical. Le test est remboursé par l’assurance maladie.

En plus du dépistage du sida, toutes les adresses ci-dessous proposent des tests d’autres infections sexuellement transmissibles, sur demande.

 

Consultation VIH des HUG :

test anonyme avec ou sans rendez-vous. 55 francs, 25 francs jusqu’à 18 ans.

Centre médical du Léman :

test anonyme sans rendez-vous. 40 francs.

Centre médical de Meyrin :

test anonyme sans rendez-vous. 55 francs.

Cité Générations, Onex :

test anonyme sans rendez-vous. 20-40 francs, 10-30 francs jusqu’à 18 ans (selon la rapidité des résultats).

Checkpoint Genève (centre médical communautaire pour les hommes):

test VIH anonyme sans rendez-vous. 60 francs, 40 francs jusqu’à 26 ans.

Le Programme santé migrants :

test gratuit pour les migrants avec peu de ressources financières, sur rendez-vous.

Association Aides, Annemasse :

test anonyme et gratuit sans rendez-vous le mardi de 18 h-21 h.

CHAL-CDAG, Contamine-sur-Arve :

test anonyme et gratuit sur rendez-vous, mardi de 13 h 40 à 18 h 40, mercredi de 15 h à 17 h 40. L.G.

 

 

Source : Tribune de Genève