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Pour sa rentrée d’octobre, le ciné-club de Dialogai s’attaque à un monument : Luchino Visconti. Un film à voir chaque dimanche du mois à 20h30. Le CineClub LGBT est gratuit, et l’entracte est toujours l’occasion de prendre un verre en bonne compagnie. En prélude au cycle quelques informations sur le réalisateur et les bandes annonces des films programmés.

 

Issu d’une grande famille de Lombardie, Luchino Visconti est le quatrième de sept enfants. Il grandit en fréquentant assidûment l’opéra et en s’occupant d’une écurie de chevaux. Sa famille, constituée de très influents mécènes, reçoit régulièrement les acteurs du monde de la culture. C’est en 1936 que sa carrière cinématographique commence, lorsqu’il est engagé comme assistant réalisateur et costumier sur deux films de Jean Renoir : Les Bas-Fonds et Une Partie de campagne. Après un voyage à Hollywood, il collabore une fois encore à l’un des projets de Renoir, La Tosca, adapté de l’opéra de Puccini et donc de la pièce de Victorien Sardou. Visconti participe au scénario et assiste Renoir avant que ce dernier ne soit remplacé par l’allemand Carl Koch, au moment où éclate la guerre.

 

dmanes16Très influencé par le cinéma réaliste, Visconti dirige son premier long métrage Les Amants diaboliques (1942), inspiré du roman Le facteur sonne toujours deux fois. Toujours intéressé par la scène, il crée une troupe de comédiens et monte plusieurs pièces lyriques. Il revient à la réalisation pour La Terre tremble (1948), dans lequel il dénonce les conditions de vie des milieux populaires. Le film est un échec commercial retentissant, qui n’empêche pas le cinéaste de retrouver les faveurs du public avec Bellissima (1951), sujet plus « grand public » sur les coulisses du monde du cinéma. Plus marquante est sa première œuvre couleur Senso, qui peint un drame sur fond de guerre italo-autrichienne (1866). Fini le réalisme, place à la fresque historique. Visconti est nommé pour ce film au Lion d’or de Venise.

 

Retour au noir et blanc pour Les Nuits blanches (1957), une histoire d’amour interprétée par Maria Schell, Marcello Mastroianni, et Jean Marais, qui lui vaut cette fois le Lion d’argent à Venise. Son film suivant est l’un de ses plus célèbres : Rocco et ses frères (1960), qui présente le parcours d’une famille émigrée à Milan et cherchant désespérément du travail. Inspiré de Dostoievski, le film, contenant des scènes d’une rare violence pour l’époque, est en partie censuré en Italie, mais obtient le Prix spécial de la Mostra. C’est l’histoire campant les difficultés financières du prince Salina (Burt Lancaster), aristocrate désargenté obligé de marier sa fille à un nouveau riche, qui va lui apporter la reconnaissance unanime. Il s’agit du Guépard (1963), éblouissant film d’époque, d’une parfaite maîtrise technique (l’inoubliable scène du bal), qui lui assure une Palme d’or au Festival de Cannes, et devient un succès commercial et critique dès sa sortie.

 

611994334Après Rocco et Le Guépard, Claudia Cardinale est à nouveau l’héroïne du réalisateur dans le rôle de Sandra (1965), qui cache un terrible secret d’enfance à son mari, interprété par Michael Craig. Le film obtient le Lion d’or à Venise, prix qui avait toujours échappé à Visconti. Deux ans plus tard, il tourne une adaptation du roman d’Albert Camus, L’Etranger, en se dotant d’un casting français : aux côtés de Marcello Mastroianni, se distinguent ainsi Bernard Blier, Anna Karina, Bruno Cremer ou Georges Wilson. Outre ses propres films, Visconti participe également à des films à sketchs dont il réalise des segments comme dans Les Sorcières (1967) ou Boccace 70 (1962) et co-réalise un documentaire à la fin de la seconde guerre mondiale : Jours de gloire. A la recherche de Tadzio  est une curiosité : le metteur en scène se filme lui-même en quête d’un jeune acteur pour incarner Tadzio dans son film Mort à Venise.

 

Mais la spécialité de Visconti demeure la fresque historique à grande échelle. C’est ainsi qu’est mis en chantier Les Damnés (1969), coproduction italo-américaine réunissant Dirk Bogarde et Ingrid Thulin. Thème cher au réalisateur, le film raconte l’effondrement d’un empire familial à l’avènement de l’IIIème Reich, et se voit nommé aux Oscars pour son scénario. Visconti va aller toujours plus loin pour montrer la décadence et filmer les destins tragiques de ses personnages. Son esthétique toujours très travaillée et son attention aux costumes trouvent leur paroxysme dans Mort à Venise (1971), film de la Belle Époque, racontant les doutes d’un musicien en manque d’inspiration, qui va retrouver le goût de son art grâce à un jeune adolescent. Visconti évoque ensuite la vie dramatique de Ludwig (1972), roi de Bavière, de son couronnement à sa mort. Joué par Helmut Berger, le roi est trahi, amoureux de sa cousine qui le rejette, tourmenté par ses penchants homosexuels, et sombre peu à peu dans la folie. Les années passant, le cinéma du réalisateur italien se fait de plus sombre, voire crépusculaire, impression renforcée par ses deux derniers films.

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Il retrouve Burt Lancaster et Helmut Berger pour Violence et Passion (1974), l’histoire d’un professeur qui loge chez lui une femme et ses problèmes. Visconti présente une réflexion sur le vieillissement, la solitude et l’approche de la mort. Son dernier film, L’Innocent, porte sur la jalousie d’un homme poussée à l’extrême, jusqu’à la folie. Luchino Visconti meurt au printemps 1976, touché par une forme grave de thrombose, peu de temps après avoir visionné un premier montage de L’Innocent, dont il n’était pas satisfait. Le film est présenté au public dans cette version, mises à part quelques retouches apportées par sa collaboratrice Suso Cecchi d’Amico, fondées sur les indications laissées par le réalisateur lui-même au cours d’une discussion de travail. Visconti laisse derrière lui une œuvre d’une richesse incroyable, qui fait de l’homme une légende du cinéma.

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Octobre 5  Les Damnés (La Caduta degli Dei), 1969

Octobre 12 Mort à Venise (Morte a Venezia), 1971

Octobre 19 Ludwig ou le Crépuscule des dieux (Ludwig), 1972, 1e partie

Octobre 26 Ludwig ou le Crépuscule des dieux (Ludwig), 1972, 2e partie