Cecilia Alvarez et Gina Parody (Captures)
Cecilia Alvarez et Gina Parody (Captures)

Deux femmes ouvertement lesbiennes dans un gouvernement national, c’est déjà un exploit mais que ces deux femmes forment aussi un couple dans la vie est certainement une première mondiale. Pourtant Cecilia Alvarez est la ministre colombienne du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme  et sa compagne Gina Parody est, elle  la ministre de l’Éducation du même gouvernement. Deux ministères importants qui montrent bien que ce ne sont pas des nominations de façade.

«Le président Juan Manuel Santos ne nous a pas choisies pour des raisons personnelles mais parce qu’il s’appuie sur nos compétences», s’est défendue Cecilia Álvarez au micro de RCN Radio, rapporte El Comercio. Selon ses détracteurs/trices, sa présence et celle de sa compagne au sein du gouvernement seraient un message de l’exécutif pour séduire les électeurs/trices LGBT. «Le président a toujours vu de quoi nous sommes capables : Gina a largement démontré qu’elle était travailleuse et j’ai montré mes mérites dans le secteur privé comme dans le secteur public, a ajouté Cecilia Álvarez. Heureusement que les époques de persécution et de rejet sont derrière nous.» C’est la première fois que la relation entre les deux femmes de ce gouvernement de centre-droit est publiquement évoquée par l’une d’elles.

En Colombie, les couples de même sexe ne peuvent pas se marier car un projet de loi en ce sens a été rejeté. Néanmoins, depuis 2007, la Cour constitutionnelle a progressivement reconnu des droits aux couples homos. C’est en vertu de cette jurisprudence constante qu’un couple d’hommes a pu être uni au tribunal l’an dernier.

Ana Leiderman y Verónica Botero ( Archives personelles)
Ana Leiderman y Verónica Botero ( Archives personelles)

Ce jeudi, dans une décision  considérée comme historique, la Cour Constitutionnelle a approuvé l’adoption d’enfants mineurs par un couple homosexuel. La haute cour a tranché en faveur de la demande d’un couple de femmes, Anne Leiderman et Verónica Botero, en tenant en compte que l’une d’elles est la mère biologique de la petite fille.

Cet avis de justice n’entrera en vigueur que dans les cas où l’un des requérant-es sera la mère ou le père biologique des mineurs concernés, et bien que cette situation ne concerne tous les couples de même sexe , il servira de précédent pour toutes les demandes d’adoption des enfants du conjoint parent biologique  par le parent social.

La Cour, en accueillant l’argumentation du juge Luis Guillermo Guerrero, par  six votes pour et trois contre, a défendu le droit des enfants à de grandir dans un noyau familial protégé par la loi.

Selon le ministère  de la Santé qui a aussi soumis à la Cour constitutionnelle un projet visant à ouvrir l’adoption d’enfants mineur.e.s aux couples de même sexe, «aucun risque pour la santé et le bien-être des mineur-e-s en raison de leur adoption par des couples de même sexe n’a pu être identifié. Le développement cognitif et émotionnel des mineur-e-s est le même chez les couples hétérosexuels et chez les couples homosexuels.»

Le directeur juridique du ministère assure en outre, selon El Paìs. que l’orientation sexuelle des parents n’a pas d’incidence sur le développement des enfants et que les seules difficultés que peuvent rencontrer ces enfants sont liées à la stigmatisation et aux restrictions légales et que limiter l’adoption aux couples formés d’un homme et d’une femme est contraire aux principes de respect de la dignité humaine, de la pluralité, de la diversité culturelle, d’égalité et de non-discrimination à raison de l’orientation sexuelle.

Il revient désormais à la Cour constitutionnelle de se prononcer aussi à ce sujet