Coming out armée chilienne

C’est en présence de ses supérieurs en uniforme et de son compagnon que l’officier chilien Mauricio Ruiz a annoncé qu’il était homosexuel lors d’une conférence de presse qui a eu lieu hier, mercredi 27 août, au siège du Movimiento de Integración y Liberación Homosexual (Movilh).

Pour les associations LGBT locales, il s’agit d’un événement historique de voir l’armée envoyer un signal aussi fort contre l’homophobie.

«PLUS VRAI AVEC MOI-MÊME ET AVEC LES AUTRES»
«En parlant publiquement de mon homosexualité, je fais passer le message que dans les forces armées, il y a des hétérosexuel.le.s, des lesbiennes et des homosexuels», a indiqué l’officier de 24 ans, heureux de ne «plus avoir à se cacher» et soulignant que «la seule chose qui doit compter, c’est d’aimer et de servir la patrie». «J’espère permettre à d’autres gays, lesbiennes et à des trans’ d’entrer à leur tour dans l’armée», a-t-il ajouté avant d’indiquer qu’il compte inviter son compagnon à la fête de fin d’année des officiers de la marine si l’on autorise les officièr.e.s hétérosexuel.le.s à venir accompagné.e.s de leurs partenaires. Avant cette conférence de presse, il avait fait part de son orientation sexuelle à ses collègues et ses supérieur.e.s qui l’ont soutenu dans sa démarche.

«M’assumer devant mes collègues et mes supérieur.e.s a amélioré ma performance au travail, a assuré Mauricio Ruiz. Depuis que je me suis accepté et que j’ai été en mesure de dire à d’autres que je suis homosexuel, j’accomplis mieux mes tâches quotidiennes, je suis plus productif, je me sens plus serein et je dors mieux. Je suis plus vrai avec moi-même et avec les autres.» Quant à ses collègues qui n’étaient pas encore au courant et qui l’ont appris à la faveur de cette conférence de presse, il espère que là aussi, les réactions seront positives: «Il leur reviendra de déterminer s’ils/elles souhaitent me soutenir ou pas. Je me suis rendu compte que si beaucoup de soldats se montrent hostiles à l’encontre de l’homosexualité, ce n’est pas parce qu’ils sont contre, mais parce que la société dans son ensemble considère que l’homosexualité est un problème et ils s’alignent sur cette position. Mais j’espère que ce ne sera plus le cas.»

IMPLICATION DE L’ARMÉE
Face à lui dans la salle, des journalistes mais aussi un député membre de la Commission de la Défense et des représentant.e.s de la Finlande et de l’Union européenne. Cette conférence de presse a été préparée depuis plusieurs mois par le Movilh et l’armée qui ont tenu plusieurs réunions en amont de cet événement. «Il y avait deux possibilités: laisser la Grande Muette à l’écart de ce processus historique ou l’impliquer, a expliqué la porte-parole du Movilh, Roxana Ortiz. La deuxième solution est la plus logique pour participer à un changement culturel et pour éviter toute hostilité ou doute sur le fait que la décision de Mauricio était d’avancer avec l’institution et non pas contre elle. C’est ainsi que nous avons pu obtenir les autorisations nécessaires pour tenir cette conférence de presse, en suivant les règles qui s’appliquent à tous les militaires, quel que soit le thème abordé.»

«C’est une journée historique, a-t-elle ajouté, où un valeureux jeune homme que nous applaudissons debout a gagné une place dans le cœur de chaque personne qui chérit et lutte pour l’égalité. Nous sommes également témoins de ce que l’armée est venue ici pour envoyer un signal contre l’homophobie et garantir que Mauricio ne sera pas victime de discrimination.»

Ce pas en avant de l’armée a été précédé de crimes homophobes d’une extrême gravité qui ont poussé la société chilienne à s’emparer de la lutte contre l’homophobie. En 2012, Daniel Zamudio, 24 ans, avait été violemment battu et torturé par quatre hommes condamnés à des peines allant de la perpétuité à 7 ans d’emprisonnement. Un autre jeune, agressé en octobre 2013, est mort en avril dernier.